Interné pour troubles psychiatriques en 1929, il passera les vingt-cinq dernières années de sa vie dans une clinique. L’écrivain semble trouver un confort psychique dans cette existence sans surprise, protégée du monde et se plie avec beaucoup d’application aux règles de l’asile. Son écriture elle-même se fait microscopique, incompréhensible: des «microgrammes», tracés avec minutie, écrits dans un langage crypté, fait d’abréviations et que l’auteur appellera «le territoire du crayon».
Walser fait partie de ces écrivains qui donnent particulièrement tort à cette conception de la littérature qui voudrait qu’une œuvre soit abordée indépendamment de la vie de son auteur.
Chez lui, le héros est souvent serviteur et heureux de l’être, comme Jakob von Gunten, dans L’Institut Benjamenta, qui désire «être insignifiant et le rester» et déclare: «Ce que je sais c’est que je serai plus tard un ravissant zéro tout rond.»
La vie et l’œuvre de Walser s’inscrivent dans cette dialectique entre grandeur et humilité, dans une forme d’orgueil immense que constitue cette volonté de se faire petit, jusqu’à l’oubli de soi, une façon, selon l’écrivain Claudio Magris, de «se chosifier pour échapper au pouvoir», une soumission aux règles qui s’apparente à un refus absolu.
Tout l’été, Le Temps remonte les chemins tortueux qui ont aidé certains des plus grands artistes à trouver leur voie.