Ils sont trois, tout sourire, au milieu de l’agitation qui règne sur la plaine de Plainpalais. Un peu de fatigue, mais c’est surtout du soulagement et de la fierté qui se lit sur leur visage alors que tentes, chapiteaux et scène éclosent doucement autour d’eux. Nicolas Brambilla, Julien Keller et Sebastian Mozer sont les organisateurs du We Hope Festival, un événement musical qui de premier abord pourrait ressembler à tant d’autres. Sauf que non, ou du moins pas totalement. On retrouve certes quelques noms bien connus dans la programmation – Danitsa, Slimka, Di-Meh et Arma Jackson notamment –, mais c’est un autre aspect que les trois compères veulent surtout mettre en avant. Danser oui, mais pour la bonne cause avant tout.

C’est de ce postulat qu’est né le We Hope Festival l’année dernière. Julien Keller, alors civiliste chez Terre des Hommes Suisse, est mandaté pour organiser un événement sensibilisant la jeunesse à la thématique des droits de l’enfant. L’objectif: rajeunir la population soutenant des ONG ou des associations, qui se fait chaque année plus vieillissante. Quelques mois plus tard, la manifestation investissait les Bains des Pâquis au son de musiques urbaines. Cette année, ils remettent le couvert avec un autre partenaire, la Ligue genevoise contre le cancer (LGC), et prennent de l’envergure: deux jours de festivités entre hip-hop, rock, danse et créateurs en tout genre avec près de 5000 personnes attendues chaque soir en plein cœur de Genève.

A lire: Danitsa: «Mon nouvel album est un véritable couteau suisse musical»

Mais comment mettre au diapason une ambiance de festival avec la thématique plus sérieuse de la lutte contre le cancer? «Le but n’est évidemment pas d’organiser un événement moralisateur, prévient d’emblée Nicolas Brambilla. Nous cherchons surtout à mettre une association en évidence et à sensibiliser les jeunes de manière un peu subtile. Il y aura quelques prises de paroles sur scène, notamment d’un oncologue, des messages diffusés sur les écrans mais aussi un quiz et plusieurs stands d’information.»

Bien choisir ses partenaires

Tout ne coule cependant pas de source lorsque l’on s’associe à une association à vocation humanitaire. Les clips de hip-hop ne sont pas connus pour être des spots publicitaires contre le tabac et festival peut vite rimer avec excès en tout genre. «C’est sûr qu’il faut être cohérent avec nos sponsors et les marques avec lesquelles on travaille. Il aurait été malvenu de s’associer avec de grands groupes cigarettiers par exemple, ce qui nous force parfois à laisser de l’argent sur la table», illustre Julien Keller. Les artistes sont quant à eux plutôt sensibles de jouer pour la bonne cause et ont tendance à accepter de plus maigres cachets pour se produire sur scène. Une des danseuses invitées est même intéressée à s’exprimer sur la thématique de cette année.

Si la plaine de Plainpalais doit devenir le cœur battant culturel de Genève le temps d’un week-end, tout ne s’arrêtera pas une fois la musique éteinte. C’est aussi ça, la particularité du We Hope Festival: être un détonateur, puis laisser une trace à long terme. «L’événement permet de donner un grand coup de projecteur à une thématique, puis de développer l’action plus en profondeur ensuite, détaille Sebastian Mozer. L’année précédente, nous avions réussi à mettre sur pied une association Terre des Hommes Suisse au sein de l’Université de Genève, forte de plusieurs dizaines d’étudiants.» L’après We Hope Festival n’est pas encore défini avec la LGC mais les organisateurs espèrent pouvoir étendre cette collaboration pour la troisième édition, afin «d’avoir un impact plus durable en faveur de la lutte contre le cancer» et de pouvoir bénéficier du réseau qu’ils ont tissé en commun.


We Hope Festival, plaine de Plainpalais, Genève, vendredi 23 septembre dès 15h et samedi 24 dès 13h45.