William Blank sonde la condition humaine
La pièce «Wounds» explore le tiraillement entre deux tendances apparemment contradictoires.
William Blank est le troisième compositeur auquel Heinz Holliger et les Swiss Chamber Soloists rendent hommage. Né à Montreux, longtemps percussionniste à l'OSR, il consacre désormais tout son temps à la composition. Wounds, donné en création ce samedi, illustre ses préoccupations avec deux phénomènes apparemment contradictoires. «La lecture de Paul Celan m'a ouvert les yeux sur le fait que dans le tragique, il y a toujours une part de poésie.» Si le tragique émane de notre condition humaine, le poétique est cette part de beauté qui surgit inopinément et se cristallise sur la douleur. «Dans ma pièce, ces deux tendances se côtoient, se conjuguent et s'interpénètrent. Plus j'avance, plus je me rends compte qu'elles sont indissociables.» Conçu comme un diptyque, Wounds (Blessures) commence sur un accord tragique. «A l'intérieur de la première partie, il y a des moments où l'on pourrait croire que le tragique s'éloigne, tandis que le poétique apparaît. Dans la deuxième partie, c'est exactement l'inverse: un monde irisé, traversé par des fulgurances tragiques.» Pour tisser un lien avec Bach et Elliott Carter, William Blank a écrit un double canon par mouvement contraire. Un hommage caché, pour l'œil plutôt que pour l'oreille.