Zelda, la princesse kidnappée
un été dans le noir: une brève histoire des jeux vidéo (4)
Comme le cinéma, le jeu vidéo cultive ses grands classiques. Profitons du beau temps pour revisiter quelques-uns de ces monuments ludiques. Aujourd’hui Zelda, la légende des légendes

Zelda, la princesse kidnappée
Retrogaming Comme le cinéma, le jeu vidéo cultive ses grands classiques. Profitons du beau temps pour revisiter quelques-uns de ces monuments ludiques
Aujourd’hui Zelda, la légende des légendes
Autant l’avouer sans ambages: on a longtemps cru que Zelda était un garçon. Et que le type attifé comme Peter Pan avec son bibi vert, son arc en bandoulière et ses oreilles d’elfe donnait son nom au jeu vidéo. A force, on a finalement compris que non, que le lutin s’appelait en fait Link et que Zelda était la princesse après qui, d’épisode en épisode, il ne cessait de courir. Il faut dire que, de son côté, la belle infante n’avait de cesse de se faire kidnapper par Ganondorf, son ennemi héréditaire.
Au panthéon vidéo-ludique, The Legend of Zelda c’est le monument parmi les monuments, un jeu tellement riche et bien ficelé qu’il justifie à lui seul de craquer pour une nouvelle console. Celle du japonais Nintendo, en l’occurrence, Zelda étant son exclusive propriété et l’une de ses principales sources de revenus.
Mais pas de monument sans un immense architecte. Shigeru Miyamoto entre chez Nintendo en 1977. Dessinateur, compositeur, designer, il touche à tout. C’est lui qui invente Donkey Kong, le gorille furibard qui balance des tonneaux du haut d’un building. Le singe ouvrira les portes du marché américain à l’éditeur japonais. En 1985, il crée l’histoire improbable d’un plombier italien parti sauver le Royaume Champignon. La franchise Super Mario sera l’une des plus rentables de tous les temps. Mais Shigeru Miyamoto planche sur une autre idée. Comme chez le réalisateur Hayao Miyazaki (Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké), pour qui la nature et ses esprits sylvestres constituent des éléments clés de l’œuvre, le développeur va exploiter ses souvenirs de campagne japonaise nourris de mythologies agricoles. Il crée un petit personnage débrouillard qui parcourt le pays d’Hyrule à la recherche d’une princesse disparue et des trois reliques de la Triforce, l’objet qui recèle la puissance des dieux. Lui s’appellera Link – parce qu’à l’origine il devait servir de lien entre le passé et le futur –, elle Zelda en hommage à la femme de l’écrivain Francis Scott Fitzgerald, dont Miyamoto est un lecteur assidu. Lequel Miyamoto, pour qui Walt Disney est le maître absolu, choisit d’habiller son héros comme le Peter Pan de l’usine à Mickey.
Mais l’originalité du jeu vient d’ailleurs et notamment de sa carte et des déplacements qu’elle autorise. Autant Mario ne bouge qu’à l’horizontale selon les règles des jeux de plateforme, autant Zelda laisse libre le joueur d’aller où bon lui semble dans les limites du scénario. Son autre originalité tient dans son mélange des genres. A la fois jeu d’énigme, de quête et de combat, il fait varier les décors, passant de la verdure de ses paysages extérieurs à la noirceur gothique de ses donjons.
Mis sur le marché en 1986, le premier Zelda assure un carton à son créateur et à la console NES de Nintendo. A partir de ce moment, la carrière du jeu suivra celle de Super Mario, les deux licences menant des vies parallèles sur toutes les machines de la marque japonaise. Les volets successifs de la saga apportent leur lot de nouveautés. Notamment au niveau de l’équipement de Link, qui augmente à chaque édition. L’épée et le bouclier du début sont désormais accompagnés d’une lanterne, d’un arc, d’un boomerang, d’un grappin voire d’un sablier, d’un cheval (Epona) et d’un ocarina dans lequel Link souffle pour résoudre des énigmes.
La médaille du succès comporte aussi ses revers. Zelda sera aussi adapté en dessin animé (une horreur) et plus récemment en manga, il est même dit que Netflix en préparerait une série télé. En fait, seule la Wii U, pourtant la dernière-née des consoles de Nintendo, n’y a pas encore eu droit. The Legend of Zelda Wii U devait sortir en 2015. Il a été repoussé à l’année prochaine.
A la fois jeu d’énigme, de quête et de combat, Zelda fait varier les décors