Zoom. Jazz. Joe Lovano Nonet. On this Day at the Vanguard
Joe Lovano Nonet. On this Day at the Vanguard (Blue Note 7243 5 90950
Joe Lovano Nonet. On this Day at the Vanguard (Blue Note 7243 5 90950/EMI)
Obsédé par les mythologies new-yorkaises, Joe Lovano prend à nouveau quartier recueilli dans la nef du jazz moderne, dix ans après ses quartettes marmoréens au Village Vanguard. Médaillé pour son 52nd Street Themes, ode à une ruelle qui abritait il y a cinquante ans plus de boîtes jazzeuses que de fast-foods, le ténor à béret gillespien revient pour l'occasion à son nonnette toutes-étoiles. John Hicks au piano plané, Lewis Nash à la batterie de vitesse, Dennis Irwin à la contrebasse cloutée, pour ne citer que les rythmiciens de cette faction impeccable. Ouvert sur une composition («At the Vanguard») dont le son même paraît comme déplacé de l'ère bop, élaboré à la manière des introductions tonitruantes d'Art Blakey, l'album est d'abord un défi d'arrangeur. Deux compositions de Tadd Dameron («Focus», «Good Bait»), une de Billy Strayhorn («My Little Brown Book»), enflures de portées à la postérité lourde, témoignent de ce souci des timbres croisés. Même «After the Rain» de Coltrane, composition leste par excellence, se laisse architecturer et disséquer dans l'esprit d'Archie Shepp ajustant «Naima» (Four for Trane). Concentré sur un imposant requiem à Billy Higgins, Joe Lovano articule ses conceptions savantes dans un faux chaos où les solistes (le trompettiste Barry Ries en apnée) s'extraient du cadre lâche. Apothéose d'un disque en élévation.