Pas de preview, ni de copie envoyée à la presse mais un accès à une bêta multijoueurs fermée et à l’environnement strictement limité. Pour son grand retour, Doom ménage donc le suspens. Les développeurs d’Id Software justifient la manière en arguant que ce Doom 4 mise sur une expérience en ligne inédite. Laquelle aurait nécessité l’organisation d’une infrastructure trop lourde pour satisfaire la foultitude des gamers. Un problème qui n’a pas arrêté Blizzard pour former une solide communauté autour de son tout nouveau jeu Overwatch, et ce bien avant sa sortie le 24 mai.

Le coup de la tronçonneuse

En attendant sa mise en rayon le vendredi 13 mai (tout un symbole), il a donc fallu se contenter de quelques vidéos pour savoir à quoi ressemblerait le quatrième épisode de ce jeu vidéo érigé dès son lancement en 1993 au rang de mythe. Et dont le dernier volet, datant de 2005, prenait les terres rouges de la planète Mars pour décor. Un gros arsenal, des mutants de l’espace, un coup je tire, un coup je me planque: on se trouve en terrain connu dans ce dédale dont il faut échapper en zigouillant tout ce qui bouge. Mais peut-être plus qu’avant. Doom 4 se distingue en cela de ses prédécesseurs par un niveau de brutalité extrêmement élevé. La profusion de gore étonne, surtout dans les phases de corps-à-corps. Sans parler de la fameuse tronçonneuse (l’outil iconique du titre) qui débite de l’alien en Apericube sans négliger aucun détail. Ce qui rend Doom 4 définitivement impropre au jeune public.

L’hyper violence a fait le sel de la série depuis sa sortie. Elle a même nourri pendant longtemps la polémique. Il faut dire qu’en 1999 deux ados tueurs massacraient leurs camarades du collège de Columbine. L’un d’eux aurait alors annoncé vouloir perpétrer un massacre «comme dans Doom». L’affaire relance les médias sur les méfaits des jeux de tir sur la jeunesse avant de passer à autre chose. Dix-sept ans plus tard, la donne n’est plus du tout la même. Les jeux qui ferraillent tous azimuts sont désormais légion et possèdent même leur propre genre. Au niveau technologique, les rendus graphiques ont repoussé les limites du réalisme mais sans que personne ne s’en émeuve plus vraiment. On attend quand même de voir ce que le carnage donnera dans un casque à réalité virtuelle.

Madeleine digitale

Dans le coeur des vieux gamers, Doom, c’est une madeleine digitale qui fait remonter les souvenirs de ses premières Game Night. La faute à deux John, Carmack et Romero, jeunes développeurs du Kansas fondateur d’id Software et créateurs de Doom qui reste encore aujourd’hui leur produit culte. En 1993, ils ont à peine 23 ans, mais le génie du code au bout des doigts. Mozart de l’algorithme graphique, ils inventent Doom et imposent un nouveau mètre-étalon: celui du jeu de tir à la première personne (First Person Shooter, FPS) dans un environnement en trois dimensions. Son nom s’impose naturellement: Doom signifie aussi bien le destin que la ruine et la condamnation. Même si Carmack, lui, a toujours prétendu que le titre lui avait été inspiré par une réplique de Tom Cruise dans la Couleur de l’argent. Le film raconte l’histoire d’un jeune prodige du billard cornaqué par un vieux briscard du jeu de bande. Carmack et Romero ne sont pas les rois de l’arnaque, mais vont ramasser une fortune. Rien que pour le premier Doom, on estime à 30 millions le nombre de copies vendues à travers le monde.

En 2009, Bethesda Softworks rachetait Id Software, autre studio américain à qui on doit quelques nuits blanches à arpenter sans fin les royaumes de Skyrim et l’Amérique post-nucléaire de Fallout 4. Manière de dire que ce n’est ni Carmack – parti en 2013 chez Facebook pour participer au développement de l’Oculus Rift – ni Romero – qui développe des jeux en ligne dans son coin – qui signent cet ultime volet dont on ne sait pas encore s’il a l’étoffe d’un futur classique.


Doom 4 pour Windows, PS4 et XboxOne