Nicolas Sarkozy ne s’en est pas privé. Interrogé par des journalistes à l’issue du sommet du G20, le président français a déclaré: «Croyez-vous que tout cela aurait été obtenu sans les pressions de la France et de l’Allemagne? Je vous laisse juge…» A l’Europe continentale, donc, les lauriers de cette grande moisson de mesures et de recommandations historique. Mais sans vouloir le dire tout haut et aussi clairement: «Nous avons tous été frappés par la volonté de la Chine de sortir de ce marasme économique mondial. Hu Jintao a pesé sur chaque décision,» expliquait, dans les couloirs, un conseiller du président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso.
Le communiqué final du G20, comme toujours, a ménagé certains intérêts particuliers. «Chaque pays a ses lignes rouges. Nous nous sommes évertués à avancer ensemble sans les franchir» a, tout sourire, reconnu Barack Obama. Avec, pour ce dernier, le sentiment de la mission accomplie.
Venu rencontrer la presse en fin de journée, après le départ de tous les autres chefs d’Etat et de gouvernement, le président américain a manié ce qu’il sait faire de mieux: le lyrisme et les cas particuliers, comme celui de Caterpillar, le constructeur d’engins de chantiers basé dans son Etat, l’Illinois, et confronté de très graves difficultés: «Sans une solution globale, rien n’est possible pour Caterpillar a-t-il poursuivi. Si des actions prises isolément aux Etats-Unis sont contredites par d’autres, à l’autre bout du monde, la récession se transformera en dépression».
Des lauriers pour Gordon Brown
Les lauriers, logiquement, sont allés à Gordon Brown. «La préparation du sommet était vraiment parfaite, confirme un négociateur européen. On n’a pas mesuré combien, dans sa tournée internationale avant le G20, le premier ministre britannique avait réussi à prendre le pouls de la situation mondiale».
Chacun sait que personne n’est reparti de Londres avec la solution miracle: «Nos principes ne sont pas une panacée, a reconnu Barack Obama, resté plus d’une heure face à la presse et acceptant - chose rare pour un président des Etats-Unis - des questions de la salle non prévues à l’avance. Notre force a été notre compréhension mutuelle».
Alors, «historique»? Le mot, en tout cas, faisait florès jeudi soir. Nicolas Sarkozy, José Manuel Barroso, le premier ministre espagnol Zapatero et le premier ministre indien Manohman Singh l’ont utilisé. Persuadés, sans doute, qu’un désaccord au G20 était, dans un pareil contexte de tensions mondiales, simplement inimaginable: «Le plus formidable catalyseur, confirmait un membre de la délégation Obama, a finalement été la peur d’échouer ».