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En 2001, les blue chips suisses seront négociés à Londres

Pour sortir de son isolement, la Bourse suisse s'allie avec Tradepoint, la plate-forme de négoce lancée par onze instituts financiers. Reste à savoir si cette nouvelle offre sera suffisamment attrayante pour concurrencer les autres grandes alliances européennes

La Bourse suisse (SWX) et Tradepoint s'étaient donné trois mois pour mener à terme des négociations exclusives dans le but de créer une plate-forme négoce commune des valeurs vedettes européennes. Il ne leur aura fallu finalement que quelques semaines pour se mettre d'accord. Il faut dire que le temps presse. Les places financières du Vieux Continent sont en effet en pleine ébullition. Pour rester compétitives, elles mettent en place des alliances ou tentent de fusionner à l'exemple de Paris, Amsterdam et Bruxelles (Euronext), qui intégreront leurs trois plates-formes d'ici au printemps prochain, ou Francfort et Londres, qui veulent s'unir avant la fin de l'année pour former, la plus grande Bourse du continent.

Pour ne pas rester à l'écart de ces grandes manœuvres la Bourse suisse a donc réagi. Durant le premier trimestre 2001, elle lancera avec son partenaire un nouveau marché paneuropéen de «blue chips». Au total 603 titres, y compris les valeurs du Swiss Market Index, y seront négociés. Baptisée virt-x, la nouvelle plate-forme aura son siège à Londres et sera soumise au droit britannique. «Pour les entreprises suisses, cotées sur virt-x, cela ne changera rien puisqu'elles seront toujours tributaires de la législation helvétique. La gestion des dépôts, les émissions de produits dérivés, ainsi que l'analyse financière, resteront de plus en Suisse», affirme Jörg Fischer, président du conseil d'administration de la Bourse suisse.

SWX et Tradepoint détiendront chacun 38% du capital de virt-x, le reste des actions étant réparti dans le public. La Bouse Suisse apportera à la nouvelle entité sa plate-forme de négoce, totalement informatisée, qui permet d'échanger des titres dans plusieurs monnaies, ainsi que l'ensemble des valeurs vedettes du Swiss Market Index. Virt-x intégrera également les systèmes de contrepartie LCH et Clearnet ainsi que ceux de règlement-livraison Euroclear, Crestco et SIS. En Suisse, seules les petites et moyennes capitalisations, les options, les obligations et les Eurobonds seront encore négociés. Tradepoint fournira de son côté, par l'intermédiaire de ses actionnaires (Credit Suisse First Boston, UBS Warburg, ABN Amro, Deutsche Morgan Grenfell, Dredner Kleinwort Benson, JP Morgan, Merill Lynch, Morgan Stanley Dean Witter, American Century, Instinet Corporation et Archipelago), les volumes nécessaires.

200 valeurs britanniques

Actuellement Tradepoint cote déjà 2000 valeurs britanniques et vient d'y ajouter 230 titres d'Europe continentale. Reste à savoir si les prestigieux propriétaires de Tradepoint joueront vraiment le jeu en donnant la priorité à ce nouveau marché. «Ils le feront car c'est dans leur intérêt d'actionnaires», affirme Walter Berchtold, l'un des responsables du projet au Credit Suisse First Boston. Optimiste, Jörg Fischer espère que 90% des valeurs vedettes du Swiss market Index seront, à l'avenir, traitées sur la nouvelle plate-forme. Il faudra pour cela reconquérir une partie du terrain perdu puisque, pour échapper au droit de timbre, 25% des volumes du SMI sont déjà traités à Londres, hors Bourse ou sur d'autres marchés. Un objectif qui n'a rien d'insurmontable: en négociant leurs titres sur virt-x, les banques disposant de succursales en Angleterre échapperont également au droit de timbre. Si sur les titres helvétiques, la liquidité sera de toute façon plus que suffisante, la tâche s'annonce en revanche plus difficile pour les autres valeurs européennes. «Il est encore très difficile d'évaluer précisément le montant des volumes que nous pourrons dégager», relève prudemment Jörg Fischer. Antoinette Hunziker – Ebnerter, actuelle présidente de la direction de SWX, qui dirigera la nouvelle société, n'aura pas la tâche facile. Sa mission pourrait cependant n'être que de courte durée. Les négociations en vue de la fusion des huit principales Bourses européennes, dont SWX est partie prenante, ne sont en effet pas interrrompues.