José Manuel Barroso veut donner un visage humain à la globalisation.
Eléonore Sulser, Bruxelles
«Réconcilier les opinions publiques avec la mondialisation», telle est l'ambition qu'affichait, hier à Bruxelles, José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. Il a présenté, avec le commissaire Vladimir Spidla en charge des Affaires sociales, son «fonds européen d'ajustement à la mondialisation» doté de 500 millions d'euros par an. Les responsables politiques européens ont réclamé ce fonds en décembre dernier dans l'idée d'atténuer les conséquences des mutations du commerce mondial sur les travailleurs européens.
Prélevé sur les restes du budget européen, destiné aux Etats qui feront la demande et en prouveront la nécessité, cet argent pourrait aider - sous forme de compensation de salaires, d'aides aux chômeurs de plus de 50 ans, d'allocations de formations, etc. - entre 35000 et 50000 travailleurs par an, évalue la Commission. Face à ceux qui font remarquer que 500 millions d'euros (750 millions de francs) c'est une goutte d'eau à l'aune de la globalisation, le président de la Commission admet que la mesure est partielle. Il s'agit aussi d'un message, dit-il, qui «prouve notre engagement social».
Pas question pourtant pour Bruxelles d'accompagner les convulsions du développement du marché intérieur dans une Europe élargie. Si une entreprise française délocalise vers la Hongrie, ses travailleurs n'auront pas droit au fonds européen. «Tant que l'entreprise reste dans le marché unique, il ne s'agit pas d'une délocalisation», tranche d'ailleurs Vladimir Spidla. Pour obtenir cette aide, il faudra prouver une «perturbation économique grave», que ce soit une hausse massive d'importations vers l'Union ou un recul des parts de marché européennes dans un secteur donné ou encore une délocalisation hors de l'Union. Il faudra en sus qu'au moins 1000 salariés d'une entreprise soient licenciés et ce, de préférence, dans une région déjà en proie au chômage.
Pour obtenir une part de ce fonds, que les plus optimistes espèrent voir fonctionner début 2007, un Etat devra s'adresser à la Commission armé d'un dossier argumenté qui prouve, notamment, que ses difficultés sont bien dues directement à la mondialisation. Le lien ne sera pas toujours facile à établir, reconnaissent les fonctionnaires eux-mêmes.