C’est une évolution plutôt qu’une révolution qui a été présentée par la direction d’ABB à l’occasion de sa journée des investisseurs. Parmi les mesures dévoilées mardi à Zurich, le point intitulé «Continuation de la transformation des Réseaux électriques en propriété d’ABB» figurant dans son communiqué a particulièrement retenu l'attention des investisseurs. Ces dernières semaines, le fonds d’investissement suédois Cevian Capital, qui détient 6% du capital du groupe, avait multiplié les prises de position appelant le groupe à se défaire de sa division des Réseaux électriques («Power Grids») comptant 37 000 collaborateurs et qui a généré 11,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires l'an dernier.

Toutes les options ont été examinées

Ulrich Spiesshofer, le directeur d’ABB, a insisté mardi sur le fait que le conseil d’administration et la direction du groupe, ont évalué toutes les options possibles - s’appuyant aussi sur les analyses effectuées par le cabinet de conseils McKinsey ainsi que celles de Goldman Sachs et de Credit Suisse -, avant de conclure que la transformation des Réseaux électriques au sein d’ABB permettra «de générer la valeur maximale pour les actionnaires ». Cela à la préférence d’autres options envisagées récemment comme une cotation séparée en bourse de l’unité, sa scission ou son intégration au sein d’une coentreprise.

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«Nous allons continuer de transformer ce secteur d’activité», a-t-il promis. La division fera l’objet d’un programme de transformation appelé «Power up» qui examinera toutes les activités de cette unité d’affaires. Dans ce cadre, ABB a annoncé la conclusion de deux partenariats stratégiques: d’une part, avec la société texane Fluor active dans le domaine des sous-stations électriques de grande taille et, d'autre part, avec l’entreprise norvégienne Aibel spécialisée dans le secteur éolien en mer.

Marges revues à la hausse

D’un point de vue financier, la division des Réseaux électriques devrait atteindre une marge opérationnelle (Ebita) située entre 10 et 14% à compter de 2018 (8 à 12% auparavant). Jusqu’ici, la plus grande unité du groupe était aussi la moins rentable. Pour l’ensemble du groupe, une marge opérationnelle de 11 à 16% est visée (comparé à 12,7% au premier semestre), tandis que l’objectif de croissance annuelle de son chiffre d’affaires est maintenu entre 3 et 6% entre 2015 et 2020. 

Une décision «malheureuse» selon Cevian 

Premier actionnaire d’ABB, la société suédoise Investor AB, qui détient plus de 10% du capital du groupe, a salué le maintien de l’unité Réseaux électriques dans le groupe. Son président Johan Forssell, cité par Bloomberg, a déclaré que «ABB valait plus dans sa totalité qu’en étant divisé en plusieurs morceaux». A l’opposé, Cevian a qualifié cette décision de «malheureuse. Le fonds «activiste» suédois, qui a notamment conduit la société allemande de services industriels Bilfinger à revendre une partie de ses activités, a estimé que la valeur d’ABB, après scission, atteindrait 35 francs par action. Pourquoi la direction d'ABB n'en tient-elle pas compte ? Ulrich Spiesshofer s’est en défendu: «ABB écoute attentivement tous ses actionnaires mais le groupe ne peut pas suivre la volonté de chacun d’entre eux », a-t-il argumenté.

Plus d’économies parmi les «cols blancs»

ABB a aussi rehaussé à 1,3 milliard de dollars d’ici à 2017 les économies prévues dans le cadre de son programme «white-collar productivity» qui concerne les fonctions administratives, contre 1 milliard indiqué il y a un an. «Nous sommes en avance sur cet objectif. C’est pourquoi nous pouvons l’augmenter maintenant», a justifié le directeur. Avec quelles conséquences pour l’emploi ? «C’est un programme de réduction des coûts, non pas de diminution des effectifs», a-t-il nuancé, sans mentionner toutefois de chiffre concret. 

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Les marchés ont réagi positivement à cette série d’annonces. L’action d’ABB a gagné 1,36% à 22,28 francs mardi. Dans une note, Morgan Stanley a estimé que le groupe a fait «un pas dans la bonne direction», notamment en ce qui concerne sa stratégie dans le domaine numérique. La banque place un objectif de cours de 21,7 francs pour l’action ABB. De côté, Vontobel le situe à 23 francs. 

La transformation numérique, une priorité pour le groupe

ABB a aussi profité de l’événement pour réaffirmer sa volonté de participer pleinement à la transformation numérique, en annonçant un partenariat stratégique avec Microsoft. Le groupe industriel entend mettre à profit les données provenant des quelque 70 millions d’appareils connectés et plus de 70 000 systèmes de contrôle installés à travers le monde. «Nous voulons faire parler les moteurs», a illustré le directeur.

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Il estime qu’il est par exemple possible d’augmenter de 30% la durée de vie de nombreux appareils en améliorant leur maintenance grâce aux donnés provenant des objets connectés. Selon lui, le degré de numérisation dans l’industrie reste très en amont de ce qui a déjà été réalisé dans d’autres domaines.