Alors que les tensions transatlantiques, notamment au sujet de surtaxes américaines sur l’acier et l’aluminium importés, restent vives, la Chine et la Russie mènent actuellement une opération de charme auprès des Européens, leur promettant de meilleures relations commerciales. La démarche a eu lieu à la veille du sommet du G7 où les dirigeants européens (quatre chefs d’Etat ou de gouvernement et les présidents de la Commission et du Conseil européens) feront face au président américain, Donald Trump, qui s’est montré intransigeant à leur égard.

Lors d’une tournée dans des capitales et institutions européennes, l’ambassadeur chinois auprès de l’UE, Zhang Ming, a assuré que Pékin était disposé à s’ouvrir davantage aux entreprises du Vieux-Continent. Notamment dans la finance, l’énergie et l’environnement.

Concessions chinoises en vue

«Des amis européens nous disent que les échanges ne sont pas équitables avec la Chine, a-t-il assuré la semaine passée lors d’une commission parlementaire à Bruxelles. Nous sommes prêts à les écouter et à améliorer le système.» En effet, Pékin s’apprêterait à annoncer des concessions majeures en matière de commerce et d'investissements.

Cette bonne intention chinoise ne cache cependant pas les nombreux conflits avec l’UE: bureaucratie, corruption et contrefaçon. Les deux parties se rencontrent chaque année pour aplanir les différends, mais les deux derniers rendez-vous n’ont même pas produit de communiqué commun. Le prochain sommet aura lieu en juillet et, selon l’agence Bloomberg, Pékin voudrait éviter un troisième échec.

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Du côté russe, c’est le président Vladimir Poutine en personne qui est monté aux barricades. Avec des flatteries: «Nous avons intérêt à ce que l’UE soit unie et prospère, car elle est notre plus importante partenaire», a-t-il déclaré lundi à la veille d’une visite à Vienne. Le lendemain, Gazprom a signé, en sa présence, un accord sur la livraison de gaz jusqu’en 2040 avec le groupe autrichien OMV. Au grand dam des Etats-Unis, qui y sont opposés.

Le président russe a profité de ce déplacement européen pour demander à l’UE de mettre fin aux sanctions contre son pays. Son plaidoyer a coïncidé avec celui du nouveau chef de gouvernement italien, Giuseppe Conte. Ce dernier a affirmé que Rome était favorable à un changement de politique à l’égard de la Russie.

Partenaires historiques

Les démarchages chinois et russes porteront-ils leurs fruits? «La Chine, la Russie et l’UE pourraient se retrouver côte à côte face aux mesures unilatérales de l’administration Trump, répond un analyste chinois cité par Bloomberg. Mais, à long terme, les problèmes entre Bruxelles et Pékin subsisteront.»

Pour sa part, Christopher Gannatti, responsable de la recherche chez le fonds britannique WisdomTree, fait remarquer que les Etats-Unis restent la plus grande puissance économique et le plus grand marché pour les entreprises européennes. Selon lui, il y a toujours eu des différends entre les Etats-Unis et l’Europe et ce n’est que le style de communication du président Trump qui bouleverse les habitudes. «Dès lors, je ne crois pas à une rupture entre les partenaires historiques au profit de la Chine et de la Russie», pronostique-t-il au Temps.