Acrotec étend ses activités aux Etats-Unis
Sous-traitance
Le sous-traitant jurassien vient d’acquérir une 28e société et accède ainsi au marché américain. Cet achat lui permet de renforcer son secteur medtech et de dépasser le demi-milliard de francs de chiffre d’affaires

Le groupe jurassien Acrotec a acquis fin décembre la société Axial Medical, basée en Pennsylvanie aux Etats-Unis. Le sous-traitant spécialisé dans l’horlogerie accroche ainsi une 28e entreprise à son escarcelle et surtout renforce son pôle medtech. Cette acquisition lui permet également de dépasser le demi-milliard de francs de chiffre d’affaires, pour environ 2600 employés.
Interrogé en juin par Le Temps, François Billig, fondateur et directeur général du groupe, ne cachait pas sa volonté de s’implanter sur le marché américain et de développer ses compétences dans les technologies médicales (medtech). Des velléités que le rachat d’Acrotec par le fonds d’investissement américain Carlyle en 2021 a renforcées. «Grâce à l’aide de Carlyle, nous avons repéré une société qui pouvait nous intéresser et nous avons entamé les discussions», a précisé François Billig, au Temps fin décembre, à l’heure de la signature.
Un processus qui a duré pas moins de six mois. Le temps pour les nouveaux venus de pouvoir sonder les dirigeants des différentes sociétés qui composent le groupe. «Ce qui est important quand une entreprise nous rejoint, c’est que nous soyons en phase notamment en ce qui concerne nos valeurs. Il n’est pas non plus dans notre logique de batailler avec des concurrents qui seraient sur la même affaire et de faire monter les enchères. Nous préférons trouver de belles pépites, les approcher et prendre le temps de faire connaissance. C’est un processus qui est certes plus lent, mais qui évite d’avoir de mauvaises surprises une fois que les sociétés ont intégré le groupe.»
Renforcer le secteur médical
Acrotec ne souhaite pas communiquer le prix de sa nouvelle acquisition, laquelle emploie une cinquantaine de personnes. Elle indique néanmoins qu’elle est en pleine croissance et qu’elle réalise actuellement un chiffre d’affaires de 23 millions de francs. Tout comme Acrotec, Axial Medical est un pur sous-traitant, mais dont l’entier de l’activité est médical. La pennsylvanienne permettra à la jurassienne d’équilibrer ses activités, et de faire passer la part de la medtech de 25 à 30%, alors que l’horlogerie représente 50%. Les 20% restants sont répartis dans différents secteurs tels que l’électronique, l’automobile ou encore l’aéronautique.
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«C’est une nouvelle étape dans l’exécution de notre stratégie de diversification. Nous avons décidé d’employer toutes nos forces pour recruter des sociétés médicales, un secteur avec un taux de croissance qui se chiffre entre 7 et 10% par an», note François Billig. Et d’expliquer qu’Axial Medical pourrait être considérée comme une société sœur d’AFT Micromécanique ou de Tectri déjà intégrées à Acrotec. «Le dénominateur commun de notre groupe reste la micromécanique. Axial Medical dispose d’un très fort potentiel dans toutes les pièces d’implants pour la colonne vertébrale. C’est un secteur qui nous intéresse vraiment, il est très porteur et en pleine expansion parce que les gens ont de plus en plus de problèmes de dos.»
Acrotec a procédé à quatre autres acquisitions en 2022, dont deux dans le médical, à Singapour et en Irlande, et deux dans l’horlogerie en Suisse. Ces dernières ne sont toutefois pas redondantes avec ses activités déjà existantes.
Vingt-huit sociétés dans le groupe
«Carlyle nous aide beaucoup à nous développer dans le marché médical, nous sommes désormais présents en Europe, en Asie et aux Etats-Unis avec un site de production. Axial Medical va nous ouvrir les portes d’un important marché. C’est à partir de cette société que nous allons déployer une stratégie commerciale pour que les entreprises suisses bénéficient des retombées des marchés qu’elle ne pourra pas traiter. En Suisse, de par notre passé d’horlogers, nous sommes pointus dans les composants extrêmement petits. Et comme nous assistons à une miniaturisation dans le domaine médical, ils seront naturellement fabriqués par nos entreprises helvétiques.»
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L’arrivée de cette 28e société dans le giron d’Acrotec va-t-elle donner lieu à une entrée en bourse comme l’appelait de ses vœux François Billig? Une position que tempère le principal intéressé: «L’entrée en bourse est toujours une option, mais ce n’est pas la seule. Nous nous apercevons que nous avons la taille nécessaire aujourd’hui, mais nous pourrions encore asseoir et renforcer notre groupe. Cela dépendra des opportunités qui se présenteront. L’ambition des dirigeants d’Acrotec est que le possible changement d’actionnaire – que ce soit par le biais de la cotation ou l’arrivée d’un autre partenaire financier – ne devra pas modifier l’ADN du groupe. Ni les valeurs qui ont bâti le succès d’aujourd’hui et qui devront assurer celui de demain. Nous n’allons pas sacrifier ces valeurs sur l’autel d’un prix de vente maximisé.»