De mars à mai, les salariés allemands seront appelés à renouveler leurs comités d’entreprise. Lundi, Dieter Zetsche, le patron du constructeur Daimler, inquiet du développement de l’extrême droite parmi les ouvriers, tirait la sonnette d’alarme dans les colonnes du quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung: «Nous suivons cette évolution avec inquiétude, cela ne nous laisse pas indifférents.»

Auparavant, la confédération des syndicats allemands (DGB) avait elle aussi alerté contre une mobilisation accrue du parti d’extrême droite AfD et de groupements néonazis au sein des entreprises, notamment dans la construction automobile.

Objectif: «remettre de l’ordre»

Chez Daimler, le mouvement Zentrum Automobil présente ainsi des candidats dans cinq usines du groupe, essentiellement dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest du pays). Dans l’usine historique de Stuttgart-Untertürkheim, quatre des 45 représentants des salariés appartiennent déjà à ce mouvement dont le chef, Oliver Hilburger – un ancien du syndicat chrétien Metall –, était le guitariste du groupe de rock néonazi Noie Werte.

Interrogé par la Süddeutsche Zeitung, Oliver Hilburger explique que son mouvement «se présente pour remettre de l’ordre» dans les entreprises. Oliver Hilburger et Zentrum Automobil considèrent en effet les syndicats traditionnels comme «achetés par le système et trahissant les intérêts des salariés».

Moyens financiers conséquents

Sur Internet, Zentrum Automobil assure présenter 300 candidats sur cinq sites de production de Daimler et 200 candidats supplémentaires «dans différentes branches et différentes entreprises à travers le pays». Le mouvement, note la Süddeutsche Zeitung, «semble doté de moyens financiers conséquents», ayant – à la différence du puissant syndicat IG Metall – indemnisé entièrement ses membres ayant participé aux grèves d’avertissement.

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Daimler n’est pas le seul constructeur concerné par le développement de l’extrême droite. A l’usine BMW de Leipzig, un mouvement similaire, se faisant appeler Groupement d’intérêt Travail et Famille, aligne ses candidats aux élections du printemps. Les syndicats et la presse locale font état d’initiatives semblables chez Opel à Rüsselsheim et chez Audi.

Du côté du DGB, on rappelle que l’extrême droite ne représente qu’une infime minorité au sein des 180 000 comités d’entreprise du pays. Mais l’évolution inquiète: 15% des personnes syndiquées ont voté en septembre dernier pour le parti d’extrême droite AfD, soit plus que la moyenne du corps électoral (l’AfD a emporté 12,6% des voix aux dernières législatives).