Le tournant des génériques a été pris en novembre 2002, lorsque Novartis a pris le contrôle de l'entreprise slovène Lek, puis ressuscité la marque Sandoz qui regroupe, dès 2003, une quinzaine de sociétés fabriquant des copies de médicaments. Pour l'instant, Sandoz est une épine dans le pied de Novartis. Sa marge d'exploitation 2004 a chuté à 7,7%, alors que Teva, ex-numéro un, dépasse 25%, annonce 140 demandes d'homologation de médicaments et prévoit un chiffre d'affaires de 8 milliards de dollars en 2008. Pour cette année, Sandoz nouveau numéro un, prévoit grâce à l'acquisition d'Eon Labs et d'Hexal, un volume d'affaires de 5,1 milliards de dollars.
Les investisseurs ont salué l'opération par une progression de 2,71% du cours de l'action Novartis hier à la clôture de la Bourse. Plusieurs analystes financiers sont sceptiques. «Novartis n'a pas utilisé au mieux ses réserves de liquidités», note Graham Parry, de Merrill Lynch. La surenchère, peut-être avec Teva, a dû être forte. Novartis est prêt à verser l'équivalent du quadruple des ventes annuelles des sociétés reprises, alors que la moyenne des dernières acquisitions dans ce secteur se situait entre 2 et 2,8 fois le chiffre d'affaires annuel.
De plus, devenir leader sur un marché allemand où les marges, génériques compris, sont sous forte pression, n'est pas un cadeau. D'autant que Daniel Vasella a quasiment promis aux frères Strüngmann de préserver l'emploi chez Hexal. Novartis devra patienter trois ans avant de bénéficier de l'entier des synergies, et va resserrer les coûts en priorité chez Sandoz et Eon Labs. L'entreprise américaine vient de gagner un procès contre Johnson & Johnson pour imposer un générique. Elle connaît toutes les ficelles du métier. Si Sandoz sait tirer parti de ce savoir faire, le pari de Daniel Vasella sera peut-être gagné. On le saura en 2008.