Cantines
Les fermetures pour cause de pandémie ont fait chuter les revenus du groupe vaudois de restauration collective Eldora. Andrew Gordon, son directeur général, s’attend à une reprise progressive, selon des modalités encore floues

Dans le vaste secteur de la restauration, il y a le domaine un peu à part des cantines, lui aussi frappé de plein fouet par les fermetures d’entreprises et d’écoles. Andrew Gordon, patron d’Eldora, numéro deux helvétique de la restauration collective, évoque un «choc brutal» et une perte immédiate de trois quarts du chiffre d’affaires. Et si aujourd’hui la situation semble se stabiliser, à terme, la généralisation du télétravail conduira sans doute à un ajustement du modèle d’affaires.
Le Temps: Comment avez-vous vécu les fermetures pour lutter contre la pandémie?
Andrew Gordon: En l’espace de quatre jours, notre chiffre d’affaires a chuté de 75%. Cela a été brutal et rapide. Ecoles et entreprises ont été fermées du jour au lendemain, il ne nous restait plus que nos activités dans les établissements médico-sociaux (EMS), soit 70 sites sur 296 établissements que compte le groupe au total.
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Aujourd’hui, 1300 de nos 2200 collaborateurs sont au chômage partiel. Nous n’avons pas demandé de prêt-relais dans l’immédiat, car nous avons les liquidités nécessaires pour tenir encore quelques mois. Malgré tout, le manque à gagner a d’ores et déjà été estimé à 100 millions de francs sur l’ensemble de l’année, soit un peu moins que le tiers de nos revenus annuels; et pour autant que l’activité reprenne en juin…
De quelle manière préparez-vous ce redémarrage?
Nous attendons d’avoir des directives plus claires sur les écoles et les structures d’accueil de la petite enfance pour finaliser notre plan de réouverture progressive. Dans l’intervalle, nous avons constitué un important stock de masques, de gants, de désinfectant et de parois de protection en plexiglas pour anticiper des normes sanitaires.
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Les entreprises, qui représentent une large part de votre clientèle, testent aujourd’hui grandeur nature le télétravail. Cela vous conduit-il à reconsidérer votre modèle d’affaires?
C’est un fait, oui, ce mode de travail s’est généralisé. Nous en faisons aussi l’apprentissage, avec aujourd’hui 15 personnes présentes au siège à Rolle, contre 130 habituellement. Et c’est plutôt concluant, je dois l’admettre, en termes de productivité et de coûts. Nous devrons tenir compte de ces évolutions. Mais je ne crois pas que les entreprises se videront totalement de leurs employés, je pense plutôt qu’il s’agira d’introduire pour chacun d’eux éventuellement un jour de télétravail par semaine.