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Entre l’hebdomadaire disparu et le quotidien, 36 collaborateurs sont licenciés ou mis en retraite anticipée. La société des rédacteurs et des personnels évoque un «carnage»

Jeudi, 36 postes ont été supprimés au sein de Ringier Axel Springer en Suisse romande. Vingt personnes sont concernées au sein de la rédaction du Temps, et dix à L’Hebdo. Le reste concerne le marketing et les fonctions administratives.
L’éditeur, Ringier Axel Springer, a donc procédé à la restructuration annoncée le 23 janvier, à l’origine de 37 postes.
Outre la disparition de L’Hebdo, dont le dernier numéro est paru le 2 février, c’est un coup dur pour Le Temps. Parmi les secteurs particulièrement touchés figurent la culture, puis l’économie et l’actualité nationale. Nombre de signatures de L’Hebdo quitteront également la rédaction.
Voir: Des témoignages de lecteurs de L’Hebdo
Depuis sa création en mars 1998, Le Temps a vécu une petite dizaine de restructurations. L’avant-dernière datait de 2015, moment de la reprise du titre par le groupe Ringier, lequel s’est ensuite allié à l’éditeur allemand Axel Springer.
Le 23 janvier, le patron de Ringier Axel Springer, Ralph Büchi, a indiqué vouloir «concentrer les efforts sur le titre le plus prometteur», c’est-à-dire Le Temps. L’éditeur veut «stabiliser et sécuriser la situation du Temps comme quotidien de référence en Suisse romande». Cependant, la morosité économique du secteur, avec des recettes publicitaires en baisse constante, l’a contraint à exiger un effort supplémentaire de la part du Temps. Il a demandé aux responsables du journal de chercher de nouvelles ressources, notamment dans les événements ou par le lancement, ce samedi, d’un nouveau magazine de société, T.
Lire aussi: «L’Hebdo», la fin de l’aventure
L’annonce de la disparition de L’Hebdo et de la restructuration du Temps a provoqué l’émotion en Suisse romande, d’autant qu’elle suit des coupes, à la fin 2016, dans les journaux de Tamedia, 24 heures et La Tribune de Genève. Mercredi, les conseillers d’Etat vaudois Philippe Leuba, Pierre-Yves Maillard et Pascal Broulis ont rencontré la direction de Ringier Axel Springer. Selon leur communiqué, ils ont «répété leur vive préoccupation pour le maintien d’une presse de référence, qualitative et diversifiée tant dans le canton qu’à l’extérieur de celui-ci».
«Un carnage»
La société des rédacteurs et des personnels réagit par la voix de son président Michel Danthe
La société des rédacteurs et des personnels réagit par la voix de son président Michel Danthe:
«Aujourd’hui 16 février, Ringier Axel Springer, l’éditeur des titres Le Temps et L’Hebdo a concrétisé les mesures d’économies qu’il avait annoncées le 23 janvier. Il en résulte: un enterrement définitif de L’Hebdo, qui voit partir 10 de ses membres historiques (sept journalistes, deux graphistes, un iconographe). A cet enterrement définitif s’ajoute ce que nous considérons être un carnage pour Le Temps. Vingt journalistes, graphistes et iconographes quittent le journal sans parler des postes de correction, de secrétariat et du marketing.
L’ampleur de ces coupes suscite au sein des équipes stupeur, tristesse et colère. Alors que la direction, reçue par le Conseil d’Etat, mercredi 15 février 2017, s’est engagée «à développer le journal Le Temps», les survivants de ce massacre s’interrogent sur les moyens que compte mettre en œuvre la direction de Ringier Axel Springer pour assurer un modèle d’affaires adéquat afin de permettre au journal d’assurer sa mission d’information de qualité sur la scène médiatique suisse romande.
Aujourd’hui, s’ouvrent également des négociations qui s’annoncent rudes pour permettre aux licenciés de bénéficier d’un plan social qui tient compte de l’état de décomposition avancé dans laquelle se trouve le secteur des médias en Suisse romande. La société des rédacteurs et des personnels espère enfin que le plan d’action mis en place par la rédaction en chef ainsi que le lancement ce samedi d’un nouveau magazine, T, assurera au Temps sa pérennité.»