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Après quatre ans, Gary Brinson quitte le groupe

Gary Brinson quitte le groupe UBS. Portrait d'un gourou échaudé.

Le gourou rentre à la maison. Selon UBS, Gary Brinson, âgé de 56 ans, retourne à sa famille. On le verra davantage sur les greens, qu'il affectionne davantage que la une des journaux. En mars dernier, l'Américain avait effectué un premier pas vers la sortie, tirant un trait sur ses tâches de direction et sur le directoire du groupe. Il avait dès lors assumé le rôle de président d'UBS Brinson et «Chief investment officer». Un an plus tard, l'annonce de son départ au terme de l'exercice n'étonne personne. «Il est rare de rester aussi longtemps après le rachat de son entreprise», relève Claudia Von Türk, analyste chez Pictet et Cie.

Mais le hic est que ce départ survient alors qu'UBS Brinson subit de fortes turbulences. Auxquelles il n'est pas étranger, estiment les analystes. «Il a imprimé sa stratégie sur tout le groupe et s'est trompé», estime Regina Anhorn chez Lombard Odier. Au moment du rachat de son entreprise par UBS, sa stratégie était réputée, note l'analyste. Mais l'environnement a changé.

Efficace en période de creux économique, la «value approach» misant sur les sociétés sous-évaluées tient mal la route en période de boum des sociétés technologiques. «L'erreur est de ne pas avoir diversifié leur stratégie», constate Claudia Von Türk. Toutefois, la même ne voit pas dans le départ de Gary Brinson et dans les déboires d'UBS Brinson un désaveu de son approche. «Il était prudent sur les titres technologiques. Mais y a-t-il exagération aujourd'hui, ou est-ce une nouvelle phase où l'on ne pourra plus jouer comme avant? Là est la question.»

Au-delà de l'ampleur des fonds institutionnels gérés sous sa responsabilité, Gary Paul Brinson est un pionnier des stratégies d'investissement étendues à l'échelle mondiale. Fervent avocat des techniques d'allocation d'actifs il estimait, dans un article resté célèbre en 1986, que plus de 90% de la variabilité des gains d'un fonds donné peut être expliquée sur la base de l'allocation en actions, obligations, cash, etc. D'où le recours à de véritables armées d'analystes pour réévaluer constamment le classement de ses actifs et dénicher les perles rares oubliées par le marché. Une théorie à l'image de l'homme – méthodique, à cheval sur le détail, plutôt inspiré par l'horizon long –, qui a longtemps fait ses preuves et séduit la SBS de l'époque. Sa théorie, Gary Paul Brinson l'a enseignée durant trois ans à la Washington State University. Mais dès 1970, l'opportunité de la mettre en pratique s'offrira chez Travelers Insurance. C'était le début de sa grandeur, qui le voit fonder à Chicago en 1981 sa propre société de gestion de fonds et de fortune grâce au rachat de First Chicago Investment advisors. Son nom: Brinson Partners, vendue à la SBS pour 750 millions de dollars en 1996. Entre-temps, elle sera devenue l'un des premiers gestionnaires de fonds institutionnels dans le monde.