Ces dernières ont mené la hausse, à l'exception des valeurs télécoms. Les titres d'Intel, leader mondial des semi-conducteurs, ont plus que doublé en 2003, tandis que l'équipementier de réseaux Cisco Systems a gagné 85%. Les nombreuses sociétés américaines rescapées de la banqueroute ou revenues dans les chiffres noirs au cours de l'exercice 2003 ont signé les meilleures performances.
Côté européen, les indices ont réalisé, en 2003, leurs premiers gains annuels depuis quatre ans. Le DJ Stoxx 600 a bondi de 14%, le SMI suisse a gagné 12%, abordant 2004 au-dessus des
5500 points, contre 16% pour le CAC 40 français, 13,6% pour le FTSE 100 britannique et 27,7% pour le DAX allemand, qui a passé le seuil des 4000 points le 2 janvier.
Les actions européennes ont en général profité de la reprise globale, l'économie de la zone euro reposant à hauteur de 20% sur les exportations. Les performances des valeurs européennes attestent du peu d'impact, jusqu'ici, de l'appréciation de l'euro sur les investisseurs: alors que la monnaie unique dépasse le niveau record de 1,26 dollar, des titres comme Philips et SAP ont gagné 38,6% et 63% en 2003, bien qu'ils génèrent respectivement 30% et 25% de leur chiffre d'affaires sur le marché américain. Et le fait que l'euro ait gagné 8,2% contre le dollar au 4e trimestre n'a pas empêché le DJ euro Stoxx de progresser 15% sur la même période, contre 12% pour le Dow Jones. Jusqu'ici, le rythme de la reprise globale a donc plus que compensé l'effet d'un euro fort.
La dynamique boursière positive se poursuivra-t-elle en 2004? Côté européen, les analystes de Bear Stearns voient le dollar chuter jusqu'à 1,40 pour un euro, faisant planer une sérieuse menace sur les bénéfices d'entreprises européennes comme les fabricants automobiles BMW, DaimlerChrysler, Volkswagen ou Porsche, qui ne pourront plus, si la chute du billet vert se poursuit, couvrir leurs risques de change à des taux avantageux.
Essoufflement en novembre
Côté américain, l'éventualité d'une remontée des taux d'intérêt, mi-2004, pourrait freiner le rallye, qui s'essoufflera peut-être après les élections américaines en novembre 2004. Au-delà, l'effet des stimulants fiscaux, budgétaires et monétaires pourrait s'estomper, favorisant le retour à un marché baissier en 2005, d'autant qu'il s'agira d'une année post-électorale, traditionnellement défavorable à la Bourse. Dès la fin 2004, le contexte macroéconomique pourrait voir ressurgir les risques liés aux déficits américains, aux effets potentiellement inflationnistes de la baisse du dollar et aux déséquilibres commerciaux internationaux.
Les optimistes répondent par un vieil adage boursier de Wall Street: «Un marché haussier peut escalader un mur d'inquiétudes.» Pour l'instant, la reprise américaine semble robuste. Après une croissance de 8,2% au 3e trimestre, les économistes sondés par Bloomberg estiment en moyenne à 4,4% la croissance du PIB sur l'année 2004.
Néanmoins, étant donné les gains record de nombreux secteurs en 2003, les investisseurs seront plus sûrs de conserver leurs gains en troquant les valeurs technologiques, déjà en hausse de 50%, contre les fabricants d'articles de base et les valeurs pharmaceutiques, secteurs peu performants en 2003 et appelés à se rattraper en 2004, tout comme les valeurs énergétiques et alimentaires.
Dans une perspective de resserrement monétaire, les investisseurs évitent en revanche, en ce début d'année, les titres sensibles à la hausse des taux d'intérêt, comme ceux des banques, de la grande distribution et de la construction.