La Chine tenterait-elle de limiter l'expansion des étrangers dans certaines de ses industries? La banque, l'assurance et le pétrole voient actuellement la mise en place de réglementations contraignantes en parallèle avec la libéralisation acceptée par Pékin lors de son entrée à l'Organisation mondiale du commerce. Le rapprochement mardi de deux aciéristes chinois, ainsi que l'appel du vice-président de l'association du fer et de l'acier chinois pour le maintien du secteur aux mains des groupes nationaux pourraient exposer une volonté semblable dans la sidérurgie.
«Le secteur devrait être contrôlé par les aciéristes étatiques et privés chinois, et non par les étrangers, étant donné que c'est l'une des industries de base les plus importantes du pays.» LuoBingsheng ne fait pas dans la demi-mesure: il ne veut entendre parler ni de Mittal, ni d'Arcelor, ni d'aucun autre groupe étranger. Et pourtant, les deux géants mondiaux ont récemment pris des positions dans l'acier chinois: le premier a acheté 36,67% de Valin Steel Tube & Wire pour 338 millions de dollars (415 millions de francs) en octobre dernier, tandis qu'à la mi-février le luxembourgeois a décroché un accord préliminaire pour le rachat de 38,41% de Laiwu Iron & Steel pour 258 millions de dollars.
Près de 200 millions de tonnes produites en six mois
Cet accord, base du développement d'Arcelor dans la région (le groupe détient également 12% d'un joint-venture avec le chinois Baosteel et le japonais Nippon Steel), semble fortement remis en question par le rapprochement effectué mardi entre son futur partenaire présumé et Jinan Iron & Steel Group. Le gouvernement de la province du Shandong, propriétaire des deux producteurs d'acier, injectera leurs actifs dans une nouvelle entité, Shandong Iron & Steel Group, sans opérer aucune fusion.
Ce processus est similaire à celui réalisé l'été dernier avec Anshan Iron Steel Group et Benxi Iron and Steel Group pour la création d'Anben Iron & Steel Group. Le nouveau venu deviendrait le second producteur national derrière Baosteel - la production cumulée des deux associés a atteint 20,7 millions de tonnes en 2005 -, et du coup l'un des principaux groupes mondiaux.
Cette opération ne cherche pas seulement à protéger le secteur des appétits étrangers. Elle vise, dans un premier temps, à réduire le rythme de production nationale: selon les chiffres officiels, celle-ci a progressé de 18,26% à 199,47 millions de tonnes lors du premier semestre alors que la demande ne progressait que de 13,25% à 188,41 millions de tonnes.
A plus long terme, cette consolidation devrait permettre aux entreprises d'accentuer leurs investissements technologiques afin de remplir les critères internationaux de production.