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Ascom, en pleine restructuration, plonge dans les chiffres rouges

La vente catastrophique de ses terminaux téléphoniques et l'effondrement du marché obligent le groupe bernois à éponger une perte de 26 millions de francs au premier semestre.

Aucun analyste financier n'avait prévu la mauvaise nouvelle. La chute du cours de l'action Ascom, de quelque 20% la semaine dernière, laissait pourtant présager le pire. Le mauvais pressentiment des investisseurs se confirme: le groupe bernois actif dans les télécommunications se trouve désormais dans les chiffres rouges.

Il a annoncé, lundi à Zurich, une perte nette de 26 millions de francs à la fin du premier semestre, comparée à un bénéfice de 60 millions durant la même période de l'an 2000. Le chiffre d'affaires a par contre progressé de 3,3%, à 1,548 milliard. Aucun redressement n'est attendu à court terme, en raison de l'impossibilité, reconnue par les dirigeants, d'amortir les frais de restructuration dans un contexte économique très défavorable dans le secteur des télécommunications.

Il n'y a pas de miracle: Ascom, qui livre notamment des systèmes électriques à plusieurs fabricants de téléphones portables, subit de plein fouet la crise d'un secteur où plus de 100 000 emplois ont déjà été sacrifiés. Ascom n'a pas échappé à la règle. Près de trois mois après l'annonce de la suppression d'un emploi sur dix, le groupe bernois s'est déjà séparé de 700 personnes sur les 1100 prévues. La perte nette annuelle dépassera 100 millions de francs, concède Urs Fischer, CEO d'Ascom.

Douze secteurs d'activités

à quatre

A la tête l'entreprise depuis février, l'ancien dirigeant de Sunrise s'est lourdement trompé en annonçant, il y a deux mois, la possibilité de maintenir un objectif de marge opérationnelle à 4%, en baisse d'à peine 1% par rapport aux premières prévisions. Or, à fin 2001, la marge sera au mieux de 1%, hors charges exceptionnelles dues à la transformation du conglomérat détaché du marché en entreprise proche des besoins de ses clients et recentrée sur ses points forts.

«Nous avons passé de douze secteurs d'activités à quatre. La restructuration est d'une grande intensité», souligne Fred Rüssli, président du conseil d'administration, en réitérant sa confiance dans la nouvelle stratégie dirigée d'une poigne de fer par Urs Fischer. L'abandon des branches déficitaires constitue l'une des principales causes du plongeon d'Ascom dans les chiffres rouges. Le coût final de la vente des terminaux téléphoniques à la société Swiss Capital Equity Holding se solde par une perte de 151 millions de francs, dont 33 seulement sont à charge du premier semestre. L'environnement d'un marché déprimé, qui a vu les opérations de fusions et de concentrations régresser de 80%, n'était évidemment pas favorable à une telle cession.

Partenaire recherché

Ascom est loin d'avoir terminé ce processus. Le groupe cherche à se séparer de sa filiale IT-Security, spécialisée dans le cryptage et la sécurité informatique, ainsi que de l'unité d'affaires comprenant des machines à timbrer. Urs Fischer reste cependant optimiste… pour 2003. «Je suis confiant dans notre potentiel», souligne le CEO, persuadé de l'effet moteur qu'apportera le système power line communication (PLC). La PLC, déjà en fonction en Allemagne, permet d'utiliser le réseau électrique comme connexion Internet et vecteur de données.

Urs Fischer est cependant conscient que le créneau ne durera pas longtemps. Le potentiel le plus fort se situe en Asie ou en Amérique du Sud, dans des pays qui possèdent un excellent réseau électrique et un réseau téléphonique peu développé. La PLC générera un chiffre d'affaires de 70 millions de francs cette année, mais l'opération ne deviendra rentable qu'à partir de ventes annuelles de 200 à 300 millions. Impatient de saisir l'occasion avant que d'autres systèmes concurrents prennent la relève, Urs Fischer a révélé lundi qu'Ascom cherchait un partenaire capable de l'aider à gérer la croissance technique et logistique de la PLC. Le groupe bernois, dont l'endettement net a progressé de 45% en six mois, pour s'établir à 669 millions de francs, doit désormais s'appuyer sur des collaborations pour sortir rapidement de l'ornière. Lundi en fin de journée, le titre perdait 1,88% après avoir chuté de 9% à l'ouverture de la Bourse.