«Nous avions pris notre décision avant la Lex USA»

«Nous avions pris notre décision avant la Lex USA»

Statut Après Pictet et Lombard Odier, Mirabaud ne sera plus un banquier privé

En février, alors que Pictet et Lombard Odier annonçaient la fin de leur statut de banquier indéfiniment responsable, Mirabaud déclarait ne rien changer à sa structure. Elle «continue de répondre à nos besoins. […] nous restons indéfiniment responsables. J’ai compris qu’ils ne le sont plus», expliquait Yves Mirabaud, son associé senior.

Lundi soir, le troisième banquier privé par la taille, 25 milliards de francs sous gestion et en dépôt, a fait savoir qu’il deviendra à son tour une société en commandite par actions, début 2014. Elle va aussi créer une banque à Luxembourg.

Le Temps: Pourquoi avez-vous changé d’avis depuis février et le changement de statut de Pictet et de Lombard Odier?

Yves Mirabaud: A l’époque, nous avions déclaré que notre structure était la bonne, mais que cela ne nous empêchait pas de réfléchir. Nous avons accéléré cette réflexion et parlé avec Pictet et Lombard Odier pour mieux mesurer les conséquences d’un tel changement. Il nous est apparu que ce statut nous permet d’adopter une structure adéquate pour notre maison.

– Un élément apparu depuis cet hiver a-t-il déclenché ce changement, comme la Lex USA?

– Non, il s’agit de la poursuite de notre réflexion. Notre décision était prise avant la publication, puis le rejet de ce texte. Cette affaire illustre toutefois comment les risquent évoluent. Ils deviennent davantage politiques, et plus difficilement prévisibles, moins contrôlables.

– A votre tour, vous ne serez plus des banquiers indéfiniment responsables…

– Excepté la banque Mirabaud en Suisse, toutes nos activités ces 25 à 30 dernières années se sont développées sous forme de société anonyme. Il faut donc relativiser le changement. Le plus important, c’est que l’esprit, les valeurs, l’engagement personnel des associés restent les mêmes. La propriété restera aussi familiale.

– Mais votre responsabilité sera limitée au capital de votre société.

– Elle reste illimitée mais uniquement au niveau de la société en commandite par actions.

– La fin de ces statuts plus que centenaires montre-t-elle qu’une page historique se tourne en 2013?

­­ – Il faut relativiser. En deux cents ans, la banque privée a connu bien d’autres changements.

– A ce propos, la création de votre banque à Luxembourg signifie-t-elle que des emplois naîtront là-bas et non pas à Genève?

– C’est vrai. Nous le disons depuis longtemps, l’accès au marché européen est important pour nous. Cette banque à Luxembourg va permettre de transformer en succursales nos bureaux en Angleterre, en Espagne et en France. Leur gestion en sera considérablement simplifiée.