Les quatre prochaines journées vont paraître courtes. Les nuits aussi. Les ministres des 159 Etats membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont rouvert, mardi à Bali, les hostilités interrompues la semaine dernière à Genève. Signe que la neuvième ministérielle a officiellement ouvert ses portes, le «kulkul», un instrument de communication ancestral balinais, a retenti mardi dans l’île indonésienne.

«L’heure n’est plus à la décontraction et à la plage. Il va falloir à présent travailler dur», a résumé le président de l’archipel, Susilo Bambang Yudhoyono, sous les applaudissements nourris. Et le numéro un indonésien de préciser: «La stratégie consistant à faire preuve de rigidité pour des raisons domestiques est vouée à l’échec.»

Le ton est donné. La remarque présidentielle s’adresse ici à l’Inde, qui, lundi soir, avait réaffirmé sa volonté de soutenir – pour une durée illimitée – ses agriculteurs. Au-delà des obligations prévues par l’OMC.

Dans la foulée, le directeur général de l’Organisation, Roberto Azevedo, a appelé les Etats membres à rejeter la facilité. «Vous avez les cartes en main et pouvez faire un choix. Soit vous optez pour limiter vos activités aux domaines du règlement des différends, de la mise en application des règles existantes, et de l’accompagnement de nouvelles accessions d’Etats à l’OMC. Soit vous optez pour renforcer le système, avec un accord ici et maintenant.» Sur la table: dix textes (un sur la facilitation des échanges, quatre sur l’agriculture et cinq sur le développement). «Le prix à remporter correspond à 1000 milliards de dollars annuels pour l’économie mondiale, soit un peu plus que le PIB indonésien. Celui d’un fiasco serait incalculable», a ajouté M. Azevedo.

Ce mercredi, une séance informelle de chefs de délégation – à ­laquelle la Suisse se prépare – donnera le ton des progrès envisageables les trois jours à venir. Le conseiller fédéral chargé de l’Economie, Johann Schneider-Ammann, a en outre prévu vingt entretiens bilatéraux à Bali d’ici à jeudi. Contacts qui l’ont déjà amené à discuter mardi avec son homologue indien Anand Sharma, un acteur clef. Le thème difficile de la protection des brevets pharmaceutiques a été évoqué. La Suisse juge «acceptables» tous les éléments du paquet de Bali. Avec une attention particulière portée à la facilitation des échanges.

«L’heure n’est plus à la décontraction et à la plage. Il va falloir à présent travailler dur»