La Grande-Bretagne avait été parmi les plus virulentes pour critiquer la Suisse et ses banques, coupables d’avoir accueilli l’or pillé par les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale. Près de 70 ans après la capitulation de l’Allemagne, c’est au tour de la Banque d’Angleterre d’être rattrapée par ses relations avec les nazis suite à la numérisation, mardi, d’une partie de ses archives.

Il ressort de documents officiels datant de 1950, et publiés pour la première fois cette semaine, que l’institution monétaire britannique a aidé Berlin à vendre une partie de l’or volé à la Tchécoslovaquie lors de l’occupation du pays en 1939. Et cela malgré un gel des actifs appartenant à des Tchécoslovaques décrété par le gouvernement anglais.

Transferts de comptes

Face à la menace grandissante représentée par son voisin allemand, Prague avait décidé dès les années 1930 de déposer une partie de son or auprès de la Banque des règlements internationaux (BRI). Soit auprès de la banque des banques centrales.

Or, selon des documents de la Banque d’Angleterre, celle-ci a ordonné – en mars 1939 – le transfert de lingots d’or d’un compte appartenant à la Banque nationale tchèque à un autre compte, appartenant à la Reichsbank. Tous deux ouverts auprès de la BRI, dont les coffres-forts étaient alors basés à Londres. Un transfert de lingots dont la valeur était de 5,6 millions de livres à l’époque. Soit, selon les calculs du Financial Times, l’équivalent de 736,4 millions de livres (1,04 milliard de francs) au prix actuel. D’autres transactions ont été réalisées en juin 1939.

Selon les médias britanniques, la Banque d’Angleterre aurait agi sous la pression de la BRI et n’aurait pas attendu de recevoir l’aval du gouvernement pour effectuer ces transactions. A l’époque, Otto Niemeyer, le gouverneur de l’institution monétaire britannique, était également le président de la BRI.