La Banque d’Angleterre poursuit son programme de rachat d’actifs
Politique monétaire
Pour soutenir une économie toujours en difficultés, la banque centrale britannique augmente de 25 milliards de livres son programme d’assouplissement quantitatif, qui se monte désormais à 200 milliards. En outre, elle maintient son taux directeur au plancher de 0,50%
La Banque d’Angleterre (Bank of England, BoE) a injecté jeudi 25 milliards supplémentaires de livres dans l’économie britannique, qui devrait connaître «une reprise lente», portant à 200 milliards son programme de rachats d’actifs, et maintenu ses taux à 0,50%. Le comité de politique monétaire de la banque centrale britannique «a décidé de poursuivre son programme de rachat d’actifs financé par l’émission de réserves de la banque centrale, et de l’augmenter de 25 milliards à 200 milliards de livres», soit environ 220 milliards d’euros, écrit l’institution dans son communiqué.
Pour lutter contre la récession la plus longue en plus de 50 ans au Royaume-Uni, la banque centrale britannique a lancé au mois de mars un programme consistant à racheter des actifs aux établissements financiers, afin de libérer des liquidités et de lutter contre la crise économique, des mesures dites «d’assouplissement quantitatif» qui reviennent, en d’autre termes, à créer de l’argent. Initialement fixé à 75 milliards, ce programme avait été augmenté par étapes, jusqu’à 175 milliards de livres au mois d’août. Le comité s’attend à ce que le montant supplémentaire accordé aux rachats d’actifs prenne trois mois pour être dépensé, précise la BoE, ajoutant que «l’ampleur du programme resterait sous surveillance».
Enfin, le CPM a sans surprise maintenu son taux directeur à 0,50%, niveau historiquement bas auquel il reste gelé depuis mars. Bien qu’il relève «plusieurs indicateurs de consommation et de confiance suggérant qu’un redressement de l’activité économique pourrait bientôt être manifeste», le CPM a estimé que les perspectives économique penchent en faveur «d’une reprise lente du niveau d’activité».
Alors que les économistes espéraient un retour à la croissance au troisième trimestre 2009, à la surprise générale le PIB britannique s’est encore contracté de 0,4% par rapport au trimestre précédent. Mais, alors que les paris des économistes allaient de 25 à 50 milliards de nouvelles injections de liquidités, le fait que la BoE ait choisi la tranche basse de ces anticipations est perçu comme un signe encourageant. «Le ralentissement des rachats (d’actifs) montre que le Comité a mis l’accent sur des indicateurs suggérant que l’activité va bientôt se redresser», estime ainsi Nick Kounis, économiste chez Fortis.
Parmi les derniers indicateurs, le Royaume-Uni a d’ailleurs enregistré une nette hausse de sa production manufacturière (+1,7% en septembre), et une quatrième progression mensuelle du prix des logements. Les cambistes ont d’ailleurs accueilli favorablement la décision des grands argentiers. Dans sa foulée, la livre sterling a frôlé le seuil de 1,12 livre à 1,1196 livre pour un euro, non loin d’un plus haut depuis la mi-septembre (à 1,1221 livre).
Quant à l’inflation, la bête noire des banques centrales, elle semble pour l’heure inquiéter peu la BoE, qui note que les «ressources» allaient rester «sous-utilisées» pour un bon moment, ce qui devrait «contenir l’inflation». «Nous suspectons que (cette décision) marquera le dernier effort de relance de la BoE, la prochaine étape étant un relèvement des taux, qui pourrait commencer au mois d’août, une fois que la BoE aura mesuré l’impact d’un éventuel changement de politique budgétaire, après les élections de l’an prochain», anticipe James Knightley, économiste chez ING Financial Markets.