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Les banquiers licenciés, personae non gratae

Au-delà de quatre ans d’expérience, un employé peine à rejoindre une autre branche

Dejan Nikolic
Dejan Nikolic

Robert Walters a réactualisé mardi son analyse du monde bancaire. Bilan à la fin du premier semestre 2013: un grand nombre de professionnels ont tenté une réorientation des services financiers à l’industrie. Avec peu de réussite, selon le cabinet international et spécialisé dans le recrutement de cadres, la plupart des candidats étant persuadés que les qualifications acquises dans le domaine bancaire sont facilement transférables à d’autres secteurs d’activité. «Les industriels nous le répètent assez souvent: ils ne veulent pas engager des gens de la banque», résume Cathal Geraghty, responsable de l’antenne zurichoise de Robert Walters.

Dès lors, que penser du discours de l’Office cantonal de l’emploi à Genève (OCE)? «Je ne m’inquiète pas pour les quelque 900 demandeurs d’emploi issus de la banque, déclare le directeur de l’institution Patrick Schmied. Moyennant un effort salarial à la baisse, leurs compétences transversales doivent leur permettre de retrouver un travail, dans un autre environnement, assez facilement.» Les chargés de clientèle, qui vont démarcher les fortunes et dont les bonus peuvent représenter le triple du salaire fixe annuel, d’après Robert Walters, et autre hauts profils bancaires ne figurent pas sur la liste des chômeurs inscrits à l’OCE. Ces derniers vivent de préférence sur leur compensation de licenciement, le temps d’être – éventuellement – réembauchés ailleurs.

«Au-delà de quatre années d’expérience bancaire, il devient difficile de quitter ce milieu, estime Cathal Geraghty. Exception faite des profils de type secrétaire, employé marketing, informaticien ou chargé de communication. La banque est un secteur très particulier, avec une approche métier et une éthique propres. Plus on est senior, plus on se spécialise, et moins on peut sortir de la banque.»

Les salaires se stabilisent

Côté rémunérations, l’étude du cabinet de recrutement indique que les salaires fixes ont cessé de dégringoler en 2013. «Ils avaient chuté entre 10 et 20% depuis la crise économique mondiale, indique Cathal Geraghty. Ils se sont stabilisés entre cette année et la précédente. Il ne faut toutefois pas s’attendre à ce que les rémunérations fixes augmentent à nouveau avant un moment.» A l’exception peut-être des traitements de chargés de conformité, d’auditeurs et de gestionnaires des risques, catégories professionnelles très demandées? Pas nécessairement, selon Robert Walters: ces deux dernières années, beaucoup de ces spécialistes ont changé d’employeur, signale son rapport. Il en résulte une pénurie de candidats, forçant les banques à former des experts. Profil idéal: candidat issu d’un des «Big 4», avec trois ans d’expérience dans la finance.

Quant à la part variable des salaires, Robert Walters estime que les montants ont continué à décliner en 2013. Les bonus ont été majoritairement payés à la fin du premier trimestre de 2013, ce qui devrait entraîner quelques démissions de gestionnaires, ces derniers étant actuellement en train de prospecter le marché, selon le cabinet de recrutement. Par ailleurs, en prévision de périodes économiquement, politiquement ou juridiquement moins favorables, plusieurs banques ont déjà renoncé à en verser.