Interview
Le propriétaire du Baur au Lac Andrea Kracht évoque les arrestations des cadres de la Fifa qui ont eu lieu ce printemps dans le palace zurichois

Andrea Kracht a deux casquettes. Il est d'abord le président de l'association "The leading hotels of the world", qui regroupe certains des plus grands palaces au monde et qui tenait cette semaine sa convention à Lausanne. Mais il est également le propriétaire du Baur au Lac, le palace zurichois où les cadres de la Fifa ont leurs habitudes. Rencontre.
Le Temps: Le 27 mai au matin, la police est venue arrêter des cadres de la Fifa dans votre hôtel. Comment avez-vous vécu cela?
Andrea Kracht: Nous sommes habitués aux situations extraordinaires. Pendant le WEF de Davos, par exemple, nous avons déjà eu des périodes où nous avions trois présidents sud-américains différents dans notre hôtel. Mais là, ce qu’il s’est passé, c’était pour le moins inattendu. La police cantonale est venue à 05h30. CNN et le New York Times étaient prévenus, mais pas nous.
- Vous y étiez?
- Non, je lisais mon iPad chez moi, vers 06h15. Et j’ai reçu le push d’un média qui m’informait des premières arrestations. J’ai d’abord cru que c’était une blague. Je suis tout de suite allé à l’hôtel et suis tombé sur 200 journalistes devant ma porte… Et ils sont restés là pendant deux jours! Vous les journalistes, vous êtes malins: il y en a au moins 3 ou 4 qui s’étaient habillés comme des clients pour pouvoir entrer dans notre hôtel.
- Comment a réagi votre personnel?
- Très bien, je les ai d’ailleurs tous félicités personnellement après coup. Comme la presse était devant l’entrée, ils ont eu l’idée de faire sortir les clients par la porte de derrière. Les concierges ont eu la présence d’esprit de tendre des draps blancs pour protéger les clients. Cela a été unanimement reconnu comme un signe de grand professionnalisme pour nos clients. Grâce à cela, cette histoire ne nous a pas causé trop de tort.
- Vous connaissez personnellement Sepp Blatter?
- Oui, il vient de temps en temps chez nous. Mais l’on connaît mieux le comité de la Fifa.
- Est-ce qu’ils continuent de venir chez vous?
- Oui, tout à fait. Nous avons gardé notre accord avec la Fifa, que ce soit avec le comité ou les délégués de l’assemblée générale…
- Avec le recul, est-ce que cet épisode a eu un impact sur la fréquentation de votre hôtel? À la baisse ou à la hausse?
- Vous savez, «Baur au lac» c’est assez difficile à prononcer et à comprendre dans différentes langues. Avec cet événement et cette présence mondiale dans la presse, peut-être que notre nom a été retenu plus facilement par certains clients. Et ils se sont souvenus que c’était «cet hôtel avec le drap blanc».