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La BCE est encouragée à freiner la chute du dollar

devises • En Allemagne, des économistes souhaitent une action pour défendre l'euro devenu trop cher

Jusqu'à quelle hauteur l'euro peut-il s'apprécier sans freiner voire étrangler la reprise économique? C'est la question clé de l'année qui démarre. Elle se pose avec une acuité, particulière en Allemagne, car la croissance dans la plus grande économie de la zone euro dépend largement de la vigueur des exportations. Rompant avec la retenue dominante de ces dernières semaines, des économistes ne craignent plus de plaider pour une intervention de la Banque centrale européenne sur les marchés des capitaux.

Le professeur Peter Bofinger, expert de politique monétaire à l'Université de Würzburg, a pris la tête de ce mouvement. Cité dans le Financial Times Deutschland, il estime que la reprise est fragile comme une jeune pousse. Il importe donc de la fortifier en veillant à ce que l'euro ne devienne pas un obstacle pour les exportations. Le chef économiste pour l'Europe de la banque Morgan Stanley, Joachim Fels, lui emboîte le pas. Une offensive de la BCE, dit-il, sera souhaitable si l'euro atteint vite 1,30 dollar.

Plus personne ne semble douter que ce seuil le sera prochainement. A la Banque centrale d'Allemagne, on ne se déclare pas inquiet, mais l'envolée de l'euro est suivie avec une vigilance accrue.

Le Japon intervient souvent

Citée par l'agence Reuters, une «figure dirigeante de la BCE» estime que la hausse rapide de l'euro introduit un «facteur d'incertitude» qui oblige la BCE à réviser ses propres prévisions économiques. Jusqu'à présent, ses experts tablaient sur une croissance moyenne de 1,6% dans la zone euro avec 1 euro valant en moyenne 1,16 dollar.

Le Japon est habitué à intervenir sur le marché des changes pour défendre le yen. Rien qu'en décembre, sa banque centrale a acheté des devises pour 21 milliards de dollars. Ces actions, estiment les experts, ont contribué à freiner l'envolée du yen face au dollar. Ces douze derniers mois, la valeur du yen a augmenté de 11%, tandis que le prix de l'euro, exprimé en dollars, renchérissait de plus de 20%.