Beaucoup d’espoir repose sur la BCE
Zone euro
Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne se réunira jeudi. Mario Draghi a promis de nouvelles mesures. Le professeur Charles Wyplosz reste dubitatif

Les paris sont ouverts sur les mesures qu’annoncerait la Banque centrale européenne (BCE) jeudi à l’issue de la réunion de son conseil des gouverneurs. «La question n’est pas de savoir si elle optera pour un nouvel assouplissement monétaire, mais plutôt de quelle ampleur il sera», écrit Christopher Dembik, chef économiste de la banque Saxo à Paris. En octobre dernier, Mario Draghi, président de la BCE, avait clairement signalé qu’il prendrait des décisions en décembre à la lumière de l’évolution de l’inflation. Celui-ci reste éloigné de l’objectif de 2% par an.
«Mario Draghi n’a pas l’habitude de décevoir les marchés, déclare Christopher Dembik. Il va devoir passer à l’acte, et cela sans attendre la ligne que va adopter la Réserve fédérale américaine qui elle, se réunira le 16 décembre prochain.» Selon l’économiste de la banque Saxo, la BCE, si elle veut être prudente à l’extrême, réduirait le taux de dépôt dans un premier temps, en attendant d’autres mesures au printemps 2016. Un programme d’achat des dettes publiques à hauteur de 60 milliards d’euros par mois pendant 19 mois, soit un total de 1140 milliards, est en cours depuis mars 2015.
Laurent Bakhtiari, analyste chez IG Bank à Genève, estime qu’une prolongation du programme d’assouplissement monétaire s’impose. «Parce que les résultats escomptés se font toujours attendre, relève-t-il. La baisse des prix pétroliers maintient l’inflation à un très faible niveau.» Et d’ajouter: «Pour ce qui est de la reprise, le résultat n’est pas là non plus.» Toutefois, l’analyste genevois relativise en expliquant que le processus de la croissance est lent par nature. «On peut, par exemple, vouloir profiter des bas taux d’intérêt et emprunter pour construire un logement ou lancer une entreprise, poursuit-il. Mais dans les deux cas, il faut du temps pour concrétiser le projet.»
Pour sa part, Charles Wyplosz, professeur d’économie à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève, n’attend rien de la BCE en termes de résultats. «Mario Draghi peut annoncer une baisse du taux de dépôt tout comme il pourra amplifier le programme d’assouplissement monétaire, dit-il. Mais ces mesures resteront sans effet à court et moyen termes.» Selon lui, la BCE a déjà utilisé toutes les cartouches en matière de politique monétaire et c’est aux Etats de prendre la relève en adoptant des politiques budgétaires expansionnistes.
«L’ancienne Commission Barroso a tué la croissance avec la politique d’austérité, poursuit-il. La présente Commission Juncker se veut plus souple, mais l’Allemagne, le pays qui a les moyens d’une politique expansionniste, refuse cette voie.» Sans changement de cap, Charles Wyplosz craint que la zone euro doive s’habituer à une longue période de croissance molle.