La nouvelle est annoncée comme une première mondiale: les Big Mac seront neutres en CO2. Enfin, seulement leur transport. Et qu’en Suisse. Depuis le début de la semaine, les ingrédients nécessaires à la fabrication du célèbre sandwich sont acheminés dans les restaurants McDonald’s helvétiques par des camions à hydrogène, «verts», insiste la chaîne de restauration rapide dans un communiqué diffusé mardi.

D’ici à 2025, 70% de ses marchandises seront transportées sans émission de CO2, contre 64% aujourd’hui, se félicite la filiale helvétique de l’entreprise. Et de rappeler que McDonald’s Suisse a déjà raccourci sa chaîne logistique en s’approvisionnant chez des fournisseurs locaux pour 86% de ses denrées. Et que depuis deux décennies déjà, ses huiles de friture usagées sont transformées en biodiesel pour faire carburer ses camions. «L’année passée, nos marchandises ont parcouru 55% de chaque kilomètre de transport par le rail, contre 49% en 2011», ajoute encore une porte-parole interrogée par Le Temps.

De quoi sans doute contribuer à diminuer l’empreinte climatique des transports, auxquels on impute 40% des émissions de gaz à effet de serre de la Suisse. Sauf que McDonald’s n’est pas une entreprise de transport. L’acheminement des produits ne représente que 2,5% des plus de 156 000 tonnes de CO2 émises en 2019 par sa filiale suisse, selon son dernier rapport de durabilité. Premier péché de greenwashing, selon le manuel élaboré par Le Temps pour mesurer la sincérité du message environnemental, puisque dans le cas présent la démarche ne cible pas le cœur d’activité de l’entreprise.

Le juteux marché du steak

Ses près de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel au niveau mondial, McDo les réalise avec ses Big Mac et autres Cheese Royal. Il en écoulerait même entre 1,3 et 1,7 milliard chaque année de son iconique hamburger à deux étages. Deux étages de viande, dans sa version originale.

Or, l’élevage est responsable à lui seul de 14,5% des émissions globales de CO2, selon la FAO, dont une moitié provient du méthane rejeté par l’appareil digestif des animaux. En Suisse, tous gaz à effet de serre confondus, la part de l’élevage dans les émissions est de 13%, selon Agroscope. Sans compter l’empreinte environnementale liée à la consommation d’eau et l’utilisation de surfaces arables pour le fourrage ou la pâture des animaux, qui induit en outre une déforestation, pointent les organisations écologistes.

Lire également: Les sols, ressource menacée mais cruciale pour la lutte contre le réchauffement

Quels sont les plans du géant du burger pour améliorer son empreinte dans ce domaine? Vraisemblablement aucun: «le standard environnemental de l’agriculture suisse est bon», conclut la porte-parole. Pourtant, pour vraiment faire le poids en matière de lutte contre le réchauffement, McDonald’s devrait revoir la production, voire la composition de ses recettes, dont la fabrication représente plus de 90% de son empreinte environnementale – emballage et jouet inclus.