Une semaine après la présentation du nouveau billet de 50 francs par la Banque nationale suisse (BNS), c’est le Trésor américain qui a dévoilé mercredi le visage qui viendra s’afficher à l’avenir sur ses billets de 20 dollars. Il s’agit d’Harriet Tubman, une abolitionniste et ancienne esclave américaine morte en 1913.

Si une poignée de femmes avaient déjà figuré sur des billets américains, à commencer par l’épouse du premier président des Etats-Unis Martha Washington, c’est la première fois néanmoins dans l’histoire du pays qu’une personnalité noire sera mise à l’honneur sur un billet vert. Les Américains devront toutefois attendre encore un peu puisque l’impression n’est prévue, en théorie, que pour 2030. Le Secrétaire d’État au Trésor Jack Lew a toutefois promis que le processus «serait accéléré».

A l’ère du paiement mobile et des crypto-monnaies, une question se fait plus insistante à chaque nouvelle émission de billets en papier: sont-ils ou non voués à disparaître? Une question qui se pose d’autant plus que leur impression est relativement onéreuse et leur durée de vie limitée. Invité au World Economic Forum de Davos en 2014, le directeur de MasterCard Ajay Banga chiffrait la dépense pour chaque pays devant imprimer, distribuer et protéger ses billets, entre 0,5% et 1,5% de son PIB. «Un montant qui serait mieux utilisé à d’autres fins», avait-il alors souligné.

Les économistes sont également nombreux à considérer qu’il vaudrait mieux tirer une croix sur l’argent liquide au profit d’échanges purement numériques. Ce serait là, selon eux, le meilleur moyen de lutter contre le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale. Sans oublier que le braquage d’un guichet sans billets n’aurait que peu d’intérêt aux yeux des criminels. C’est pour ces raisons, d’ailleurs, que la Banque centrale européenne pourrait décider dans les semaines à venir d’arrêter l’impression des billets de 500 euros, selon l’agence Reuters.

Un billet de 1000 francs très prisé

En attendant, certains pays nordiques se font déjà les champions d’une société sans argent liquide. La Suède, qui fut la première nation européenne à avoir introduit des billets en 1661, pourrait bien être la première à s’en débarrasser. Selon une étude l’Institut royal technologique de Stockholm (KTH) publiée en octobre dernier, il n’y a désormais plus que 80 milliards de couronnes suédoises en circulation (9,6 milliards de francs environ), contre 120 milliards il y a six ans. Au Danemark, une proposition de loi préconise quant à elle de laisser à certains commerçants, comme les stations-service et les restaurants, le choix d’accepter ou non des paiements en espèce.

En Suisse toutefois, rien ne laisse présager la disparition des billets en papier. Bien au contraire. «Ce n’est pas un sujet d’actualité pour nous, confirme le porte-parole de la BNS. Nous n’avons pas d’informations à fournir si ce n’est qu’en Suisse, l’utilisation du numéraire reste élevée.» Les statistiques confirment d’ailleurs un appétit prononcé pour les billets en francs: il y en avait ainsi près de 71 millions en circulation au mois de février 2016, contre 46,5 millions six ans plus tôt. En cette période de crise financière et de taux d’intérêt négatifs, le billet de 1000 francs est le plus prisé avec 44,5 millions d’exemplaires en circulation. Contre 27,5 millions seulement en 2010.

Après les nouvelles coupures de 50 francs, la BNS va d’ailleurs renouveler l’entier de sa panoplie durant les trois prochaines années. Le nouveau billet de 20 ans sera ainsi mis en circulation au printemps 2017. Suivront alors les billets de 10 francs, de 200 et de 100 à intervalles régulières de six mois ou d’un an, précise l’institution monétaire.

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