Planète finance
Après une chute constante depuis mi-décembre 2017, la cryptomonnaie frôle les 5000 dollars, c’est-à-dire moins que son cours d'il y a un an. Un nouvel épisode tragique dans une vie déjà difficile

C’est officiel, le bitcoin est mort. C’est ce qu’on lit beaucoup ces derniers jours, alors que la plus célèbre des cryptomonnaies poursuit sa déchéance, à près de 5000 dollars. Non seulement le bitcoin a abandonné plus de 70% de sa valeur depuis son sommet de fin 2017, mais on ne le reconnaît plus. Il est devenu aussi peu volatil que l’action Apple. Ces derniers temps, il arrive même que son cours ne varie pas pendant vingt-quatre heures. Ses volumes de trading sont au plus bas depuis un an, à 629 millions de dollars le 20 octobre, contre 11 milliards le 1er janvier.
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Quel contraste avec la même époque l’an dernier, quand le bitcoin était en pleine montée d’adrénaline, en route vers les 20 000 dollars! Le grand public découvrait cette première émanation de la blockchain. Le Temps publiait «Le bitcoin pour les nuls» et s’interrogeait: faudrait-il parler du bitcoin lors du repas de Noël?
Le petit million
Ses aficionados le voyaient à 100 000 dollars, avec l’arrivée sur le marché des investisseurs institutionnels. Des reportages télévisés montraient des boursicoteurs ravis d’investir 10 000 euros, certains d’en retirer rapidement «un petit million». Le million a été petit, effectivement, très petit. Sur un an, le bitcoin a perdu de la valeur, pour la première fois depuis trois ans (il avait en revanche gagné 6974% entre janvier 2013 et janvier 2014). Depuis mi-décembre 2017, sa baisse a été ininterrompue, anéantissant l’excitation populaire. Donc c’est la fin. Le bitcoin est mort.
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Sauf qu’il est déjà mort 317 fois depuis sa création. Son décès est si fréquent qu’un site internet en tient le décompte, assorti d’articles aux titres les plus percutants («C’est la fin du bitcoin», lançait Forbes en 2011, lorsque la crypto valait 15,15 dollars). Le cœur n’y étant plus, le bitcoin va probablement encore baisser à court terme, ne serait-ce que parce que personne ne souhaite aller contre une telle tendance. A plus longue échéance, des professionnels relèvent l’arrivée de géants de la finance, comme Fidelity – 7000 milliards d’actifs – et Goldman Sachs, qui veulent lancer ou investir dans un service de dépôt pour cryptos.
Le cryptomonde à l’envers
En attendant qu’un nouveau boom soit lancé, les professionnels du secteur n’ont qu’un mot à la bouche: stablecoins. Des cryptomonnaies dont la valeur est attachée à celle du franc ou du dollar. Ce bel oxymore permet essentiellement à un investisseur de sortir des cryptos lorsqu’il pense qu’elles vont baisser, mais sans devoir payer les importants frais de change vers une monnaie traditionnelle. Peu importe. Le bitcoin doit s’en retourner dans sa tombe – s’il est vraiment mort.