Publicité

Les blocages en France inquiètent les négociants genevois

Un bateau rempli de produits pétroliers coûte en moyenne 25 000 dollars par jour. Une somme qui est à la charge des traders lorsque ceux-ci sont bloqués dans les ports ou au large des côtes françaises

Mardi soir, six raffineries sur huit étaient touchées par les mouvements sociaux. — © AFP or licensors
Mardi soir, six raffineries sur huit étaient touchées par les mouvements sociaux. — © AFP or licensors

Les négociants en pétrole, dont un grand nombre sont installés sur les rives du Léman, ne sont pas insensibles à ce qui se passe en France, bien au contraire. Ils regardent avec attention l’évolution de la situation sur le terrain, à commencer par les propriétaires des produits pétroliers qui sont à bord des tankers aujourd’hui immobilisés dans les ports de l’Hexagone, voire au large des côtes, en raison du blocage des raffineries et des terminaux pétroliers. «Un pétrolier à l’arrêt coûte chaque jour environ 25 000 dollars», concède un trader genevois préférant garder l’anonymat.

Malchance pour les négociants, la plupart des contrats d’affrètement incluent une clause propre aux livraisons dans les ports français qui spécifie que les frais d’attente en cas de blocage d’un navire pour raison de grès sont à leur charge, précise le trader dont plusieurs bateaux sont actuellement en rade. Sans oublier le risque financier lié à un défaut ou à un retard de livraison, ajoute-t-il.

Lire aussi: Le risque d’une France qui craque

Un simple coup d’œil aux sites internet qui permettent de traquer en temps réel des milliers de bateaux marchands sur une carte du globe suffit pour comprendre qu’il n’est pas le seul à suivre le conflit social attentivement. On y constate que des dizaines de tankers mouillent actuellement dans les eaux françaises, notamment au large des deux principaux terminaux pétroliers que sont ceux de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et du Havre (Seine-Maritime).

Ces navires sont contraints de patienter en attendant de pouvoir décharger leur cargaison en pétrole: soit le personnel chargé de le faire n’est pas disponible, soit ce sont les bateaux accompagnateurs, censés guider les cargos dans les ports, qui font défaut, souligne un observateur. Et ce dernier de conclure: «Il en faut très peu pour que tout soit bloqué.»

Pas de réel impact sur les prix

Un autre trader genevois confirme lui aussi suivre la situation à la loupe. «Ça change un peu la logistique, explique-t-il. Certains ports sont fermés, d’autres pas, certains acceptent plus de bateaux, on reroute aussi les vers les stockages indépendants.» Selon lui, les blocages bouleversent également les arbitrages sur le marché. «La production a beaucoup baissé, poursuit-il. Il faut donc importer davantage, on tire sur les stocks et on achète chez les Belges, les Suisses et les Espagnols.»

Malgré tout, et même si le marché connaît quelques distorsions ponctuelles, les blocages ne devraient pas faire monter les prix du pétrole, ni les marges des négociants. Car la France, qui est un importateur de produits pétroliers et notamment de gazole, reste un petit marché à l’échelon planétaire. Par ailleurs, ce ne sont pas les stocks de pétrole qui manquent aujourd’hui dans le monde.

Reste que si certains devaient profiter de la situation en France, ce sont ceux qui détiennent l’outil industriel, précise le second trader. «Les marges de raffinage sont plus intéressantes qu’il y a deux semaines, explique-t-il. Pour en profiter il faut avoir une raffinerie ou des stations-service.» A condition, évidemment, qu’elles fonctionnent. Mardi soir, six raffineries sur huit étaient touchées par les mouvements sociaux, ainsi que 20% des 12 000 stations-service que compte le pays.