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Un simple coup d’œil aux sites internet qui permettent de traquer en temps réel des milliers de bateaux marchands sur une carte du globe suffit pour comprendre qu’il n’est pas le seul à suivre le conflit social attentivement. On y constate que des dizaines de tankers mouillent actuellement dans les eaux françaises, notamment au large des deux principaux terminaux pétroliers que sont ceux de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et du Havre (Seine-Maritime).
Ces navires sont contraints de patienter en attendant de pouvoir décharger leur cargaison en pétrole: soit le personnel chargé de le faire n’est pas disponible, soit ce sont les bateaux accompagnateurs, censés guider les cargos dans les ports, qui font défaut, souligne un observateur. Et ce dernier de conclure: «Il en faut très peu pour que tout soit bloqué.»
Pas de réel impact sur les prix
Un autre trader genevois confirme lui aussi suivre la situation à la loupe. «Ça change un peu la logistique, explique-t-il. Certains ports sont fermés, d’autres pas, certains acceptent plus de bateaux, on reroute aussi les vers les stockages indépendants.» Selon lui, les blocages bouleversent également les arbitrages sur le marché. «La production a beaucoup baissé, poursuit-il. Il faut donc importer davantage, on tire sur les stocks et on achète chez les Belges, les Suisses et les Espagnols.»
Malgré tout, et même si le marché connaît quelques distorsions ponctuelles, les blocages ne devraient pas faire monter les prix du pétrole, ni les marges des négociants. Car la France, qui est un importateur de produits pétroliers et notamment de gazole, reste un petit marché à l’échelon planétaire. Par ailleurs, ce ne sont pas les stocks de pétrole qui manquent aujourd’hui dans le monde.
Reste que si certains devaient profiter de la situation en France, ce sont ceux qui détiennent l’outil industriel, précise le second trader. «Les marges de raffinage sont plus intéressantes qu’il y a deux semaines, explique-t-il. Pour en profiter il faut avoir une raffinerie ou des stations-service.» A condition, évidemment, qu’elles fonctionnent. Mardi soir, six raffineries sur huit étaient touchées par les mouvements sociaux, ainsi que 20% des 12 000 stations-service que compte le pays.