Fini le faste de la «Commodity Night», ce cocktail chic et sélect qui était prisé de tout le milieu genevois du négoce. Si BNP Paribas profite toujours de la «Commodity Week» pour organiser son événement annuel autour des matières premières, elle le fait désormais en journée. L’édition 2016 se tenait ainsi mercredi de 15h à 20h dans le Bâtiment des Forces Motrices, à quelques centaines de mètres du siège de la banque en Suisse. En tout, 500 personnes étaient attendues, clients et collaborateurs.

«On est bien loin de la célébration que représentait la Commodity Night, reconnaissait Emmanuel Rogy, responsable de l’établissement français, devant quelques journalistes conviés avant l’arrivée des invités. Aujourd’hui, nous sommes là pour parler affaires et évolution du métier.» Au programme, donc, des conférences et des tables rondes sur les thèmes de l’agrobusiness, des mines, des métaux et de l’énergie.

Nouvelle structure

Ce nouvel élan pris par la banque s'est également cristallisé par la mise en place, en début d’année, de la nouvelle structure dont Emmanuel Rogy est en charge: BNP Paribas Specialized Trade Solutions (STS). «L’objectif est de faire profiter tous nos clients actifs dans le domaine des matières premières, et non plus les seuls négociants, de l’expertise de la banque», explique ce dernier, citant pour exemple un producteur d’aluminium en Allemagne qui aurait besoin de financement.

En tout, 200 personnes travaillent au sein de STS aujourd’hui, trois quarts à Genève et un quart à Paris (pour un total de 1500 collaborateurs en Suisse). Ce à quoi il faut ajouter 150 personnes environ pour les aspects opérationnels. Début 2014, ils étaient plus de 400 à travailler en lien avec le commerce de pétrole et de produits comme les céréales ou les minerais. «Nous étions clairement le numéro 1 mondial du trade finance, souligne Emmanuel Rogy. Désormais, nous voulons avons tout être un partenaire de qualité.»

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L’amende de 8,9 milliards de dollars (8,7 milliards de francs) dont a écopé la banque en juillet 2014 pour avoir violé – en grande partie depuis Genève – des embargos américains contre Cuba, l’Iran et le Soudan, n’est certainement pas étrangère à cette évolution. «Ces événements ont contribué à accélérer le mouvement, concède Emmanuel Rogy. Mais celui-ci avait toutefois déjà été initié auparavant.»

L’importance de pouvoir tracer la marchandise

Reste que la banque semble avoir tourné la page et se montre désormais disposée à communiquer, à nouveau, sur ses activités liées au négoce de matières premières. D’autant plus que l’intégration STS, sur toute la chaîne d’approvisionnement, devrait lui permettre de réduire les risques, que ce soit en termes de crédits ou de réputation, précise Emmanuel Rogy. «Aujourd’hui nous sommes obligés de bien comprendre ce que font nos clients et surtout de savoir d’où provient la marchandise. On ne peut plus dire qu’on ne savait pas.»

Arrivée des nouvelles technologies

Cette évolution coïncide aussi avec l’arrivée de nouvelles technologies dans le monde du négoce. BNP Paribas a d’ailleurs profité de l’occasion, mercredi, pour présenter trois projets à ses clients. L’un d’eux, «Smart LC» (pour lettre de crédit), permet de numériser l’ensemble des documents nécessaires au négoce de matières premières. Ce qui devrait, selon la banque, permettre à tous les acteurs qui auront accès à cette plateforme, du producteur à l’industriel en passant par le négociant et l’assureur, de gagner du temps, d’éviter la perte de documents et surtout de pouvoir tracer en tout temps une cargaison.

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