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La BNS retrouve sa superbe et offre 2,8 milliards aux caisses publiques

En 2003, les comptes de la Banque nationale suisse se sont largement redressés, le résultat global atteignant 4 milliards de francs, contre 2,3 milliards l'année précédente. Cette hausse est liée principalement à la vente d'or de la Réserve nationale, dont le prix sur le marché est en constante progression

La baisse continue du dollar a fait le double bonheur de la Banque nationale suisse (BNS) en 2003. D'une part, elle a consacré l'or comme valeur refuge, faisant monter son cours. La Banque, qui vend la partie excédentaire de sa Réserve nationale, soit 1300 tonnes, en a largement profité. D'autre part, la décision stratégique de privilégier l'euro au profit du dollar dans son panier de placements en monnaies étrangères a porté ses fruits. Dans l'ensemble, l'exercice 2003 marque le retour à la hausse du bénéfice, avec un résultat global de 4 milliards de francs, contre 2,3 milliards l'année précédente. Conséquences pour les caisses publiques: la Confédération et les cantons toucheront 2,8 milliards de francs, soit 300 millions de plus qu'en 2002.

Le dollar s'est fortement déprécié, passant de 1,38 franc à fin 2002 à 1,23 franc à fin 2003. Dans le même temps, l'or est devenu la valeur refuge par excellence. Le prix du kilo, de 15 286 francs en 2002, a grimpé à 16 581 francs à fin 2003. Cette hausse a profité à l'opération de vente de 1300 tonnes d'or de la BNS, en cours depuis mai 2000. A fin septembre dernier, 886 tonnes avaient été écoulées. Ainsi, la vente du métal jaune a rapporté 2,6 milliards de francs en 2003, contre 1,5 milliard en 2002. Cette année, la banque centrale compte se séparer de 284 tonnes. D'ores et déjà, elle s'attend à réaliser une bonne affaire: le prix de l'or continue à grimper. Mardi, il a franchi des seuils jamais atteints depuis quinze ans.

Autre élément qui a contribué au bon résultat de la BNS, les placements en monnaies étrangères (dollar, euro, couronne danoise, dollar canadien et livre sterling) se sont élevés à 56,3 milliards de dollars en 2003. Depuis quelques années, les responsables ont fait le choix stratégique de modifier le poids de chaque devise dans le panier des placements. L'année dernière, la monnaie européenne a encore détrôné le billet vert, renforçant sa part à 52%. Le dollar n'occupe plus que 36% des placements.

Une performance négative

Durant l'exercice écoulé, les résultats des placements en euros, dont la valeur a été constamment en hausse, ont rapporté gros à la BNS, soit 1,5 milliard de francs, contre seulement 200 millions en 2002. Par contre, la performance des actifs financiers en francs suisses, provenant essentiellement du portefeuille des titres et des pensions de titres, a été négative par rapport à l'année précédente, soit 200 millions contre 900 millions.

Dans l'ensemble, le bénéfice de l'exercice, après les provisions pour divers risques, s'élève à 2,8 milliards de francs. Conséquence directe pour les finances publiques, la Confédération et les cantons se partageront les 2,8 milliards de francs. L'année dernière, la BNS avait respecté son engagement, seulement après avoir prélevé 1,8 milliard sur les provisions pour risques de marché, de crédit et de liquidités. La manne provenant de la BNS est vivement attendue, surtout par les cantons, dont la plupart sont déficitaires et endettés. Le partage fixé en 2001 a lieu selon un ratio de 1/3 pour la Confédération et 2/3 pour les régions. Ces dernières se distribuent la somme qui leur revient selon leur nombre d'habitants et leur capacité fiscale. Cet arrangement est valable jusqu'en 2014. Entre-temps, le Conseil fédéral devrait fixer l'affectation définitive de l'argent provenant de la vente d'or.

En septembre 2002, le peuple avait refusé une initiative de l'Union démocratique du centre, demandant que la totalité des actifs revienne à l'AVS. Il n'avait non plus pas voulu le contre-projet du Conseil fédéral qui proposait un partage entre l'AVS, les cantons et la Fondation Suisse solidaire.