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La BNS s'apprête à corriger un environnement «trop généreux»

Jean-Pierre Roth, président de la direction de la Banque nationale, se fonde sur un «scénario principal» de croissance relativement soutenue en 2006 et 2007.

L'environnement monétaire «très généreux» créé entre 2001 et 2003 par la Banque nationale suisse (BNS) et partiellement revu l'an dernier «n'est pas adapté à une situation normalisée. Il s'agit de le corriger», a déclaré mercredi Jean-Pierre Roth, président de la direction générale de la BNS, invité du Déjeuner de la finance organisé par UBP, Bearing Point et Le Temps.

Le président de la BNS a évidemment éludé les questions plus précises sur la prochaine hausse des taux directeurs, mais il est très probable que celle-ci se produira en décembre lors de la prochaine appréciation de la situation monétaire.

Soucieuses de crédibilité - un facteur d'action «essentiel» selon Jean-Pierre Roth -, les autorités monétaires «savent qu'il est plus facile de préserver la stabilité des prix si les anticipations sont bien ancrées», poursuit-il.

Qu'en est-il de ces anticipations dans le marché? Alors que le taux directeur fixé par la BNS se situe actuellement à 0,75%, le marché a déjà «avalé» depuis mi-octobre la moitié d'une hausse à 1%, et le voit grimper à 1,3% sur un an (voir graphique).

Si le ralentissement survenu au second semestre 2004 a interrompu le relèvement des taux après deux ajustements d'un quart de point, «nous n'avons pas changé de stratégie pour autant», insiste le président de la BNS.

Comment les prix évolueront-ils à un horizon de trois ans? Cette question conditionne la politique monétaire. Et, dans son exposé oral (plus que dans le texte écrit), Jean-Pierre Roth s'est fondé sur un «scénario principal» de croissance mondiale relativement soutenue en 2006 et 2007, laquelle provoquera un certain assèchement des ressources productives, donc une pression inflationniste.

En revanche, «ce serait une erreur de réagir à l'excès face à une forte montée à court terme de l'indice des prix provoquée par les ajustements des prix de l'énergie», estime le président de la BNS, qui s'exprimait sur le thème «Hausse du prix du pétrole, un défi pour la politique monétaire?». Le titre de l'exposé porte, par prudence, un point d'interrogation, mais l'orateur a plutôt relativisé ce défi, énumérant les raisons pour lesquelles la hausse des prix pétroliers nourrit peu l'inflation.

L'une d'elles est propre à la Suisse: petite économie assez globalisée, celle-ci a notamment «importé des baisses de prix», sensibles dans certains secteurs comme l'électronique. Cela lui vaut de profiter actuellement d'une pression inflationniste moindre que celle existant en Allemagne - une situation relativement nouvelle.