L'avionneur canadien Bombardier a remis à la compagnie Swiss, filiale de Lufthansa, le premier appareil CSeries devant opérer un vol commercial, mercredi. Ainsi, il espère tourner «la page» de douze années tumultueuses pour développer cette nouvelle gamme de moyen-courrier.

«Nous avons livré notre premier avion à Swiss, nous avons atteint notre objectif, nous avons franchi une étape importante», s'est félicité Fred Cromer, président de Bombardier Avions commerciaux, devant la presse.

«On va pouvoir changer le discours, le fait d'avoir deux ans de retard et d'avoir dépassé les budgets est derrière nous maintenant», a abondé le PDG de Bombardier, Alain Bellemare, rappelant que la nouvelle gamme dispose déjà de 370 commandes fermes, avec Air Canada, Delta, Korean Airlines, ou encore Air Baltic. «On tourne la page» après des années difficiles, s'est-il réjoui, jugeant que Bombardier «se trouve dans une excellente position» contrairement aux «difficultés» rencontrées il y a encore un an.

Le CSeries victime de la crise financière

Nez pointu, empennage rouge flanqué de la croix helvète et fuselage barré par «Swiss», le 1er CSeries livré par Bombardier est un CS100, le plus petit modèle de la nouvelle gamme, avec une capacité de 100 à 130 places et une autonomie de 6 100 km. L'appareil doit rejoindre la Suisse dans les prochains jours, suivi en août d'un second CS100.

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Lancé en 2004 et mis en production dès 2008, le programme CSeries a souffert de nombreuses déconvenues, en particulier la crise financière internationale qui a refroidi les potentiels clients, des coûts de développement qui ont doublé à 5,4 milliards de dollars américains, ainsi que des retards successifs faisant que ce nouveau mono-couloir va entrer en service plus de deux ans après l'échéancier initial.

Avec ces nouveaux aéronefs, Bombardier entend défier l'hégémonie d'Airbus et de Boeing sur le marché des petits modules avec la famille des A320 pour l'avionneur européen, et celle des 737 pour l'Américain.

La compagnie suisse entend réaliser son premier vol commercial avec le nouveau CS100 le 15 juillet entre Zurich et Paris. Outre Paris-Charles de Gaulle, les aéroports de Manchester, Prague, Nice, Bruxelles et Budapest figureront parmi les premières destinations desservies par les CS100 de Swiss.

Bombardier avait annoncé en décembre l'homologation du ministère canadien des Transports pour le CS100, suivie mi-juin par celles de l'Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) et de l'Agence fédérale américaine de l'aviation (FAA).

Un soutien de taille du Québec

Bombardier promet l'avion le «plus silencieux de sa catégorie» avec une économie de carburant de plus de 20% par rapport aux autres avions du même type et de plus de 10% par rapport aux appareils remotorisés d'Airbus et de Boeing.

Fragilisé financièrement par le développement de ce programme, Bombardier a reçu fin octobre l'aide du gouvernement du Québec, qui a investi un milliard de dollars américains pour 49,5% d'une filiale dont la seule activité sera cette nouvelle gamme.

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Bombardier a également sollicité les autorités fédérales pour obtenir un autre soutien de taille, mais les discussions semblent patiner. «Je suis encore optimiste (sur le fait) qu'on trouvera une bonne solution avec le gouvernement fédéral, une solution qui soit gagnant-gagnant», a déclaré Alain Bellemare.

Bombardier a jusqu'ici engrangé 370 commandes fermes, et un potentiel de 800 avec les options pour le CS100 et le CS300 (130 à 160 places), le plus gros CSeries dont l'homologation est toujours attendue, mais qui devrait intervenir «rapidement» selon Fred Cromer.