Il n’y a pas de jour sans qu’il n’y ait d’annonces de fusions et acquisitions (F&A) d’entreprises dans le monde. Pas plus tard que mardi, Novartis, le géant suisse de la pharma, s’est dit prêt à investir entre deux et cinq milliards de dollars pour acquérir des sociétés actives sur le marché du cancer et de génériques. Toujours hier, Total et Glencore ont fait une offre pour prendre une participation de 75% dans les activités de Chevron en Afrique du Sud. La semaine passée aux Etats-Unis, c’était l’opérateur télécoms AT&T qui officialisait son plan de racheter l’empire des médias Time Warner. Au Royaume-Uni, British American Tobacco a manifesté son intérêt à racheter son concurrent américain Reynolds. Le mois dernier, Bayer, la multinationale allemande de la chimie, a conclu son mariage avec le géant américain des semences Monsanto.

Ainsi, les F&A se sont multipliées en 2016. Montant total des opérations au troisième trimestre: 2554 milliards de dollars. C’est certes largement au-dessous qu’en 2007, année record. Les transactions avaient alors atteint 3589 milliards. «Toutes les conditions sont à présent réunies pour favoriser les rachats, explique Ronald Sauser, responsable de la division F&A chez le cabinet de conseil EY. Les entreprises disposent de cash et le coût du crédit n’a jamais été si bas.»

Augmentation de 212%

«2017 sera également une bonne année», assure le spécialiste qui ajoute que de nombreuses transactions sont en préparation. Selon lui, les chefs d’entreprise sont encouragés par les conseils d’administration et les actionnaires, surtout lorsque les concurrents s’engagent dans la consolidation.

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Dans la course aux F&A, la Chine joue désormais un rôle du premier plan. A la clé: 24 transactions durant les six premiers mois de l’année. Selon China Deal Watch, un service spécialisé de l’agence Bloomberg qui traque les investissements chinois dans le monde, les entreprises chinoises ont investi 206 milliards d’euros à ce jour en 2016. Une augmentation de 212% par rapport à la période correspondante en 2015. Autre fait: avant 2013, les capitaux provenaient de l’État et étaient destinés surtout à faciliter l’accès aux ressources minières et énergétiques en Australie, au Canada et en Afrique. Désormais, des entrepreneurs privés visent de nouveaux secteurs: équipe de football en Italie, studio de cinéma à Hollywood, maison de mode en France. Pour sa part, l’État encourage la reprise des sociétés technologiques européennes et américaines.

Selon Ronald Sauser, les investisseurs chinois n’hésitent pas à surenchérir les prix. «Une entreprise familiale suisse qui n’a pas de repreneur s’offrirait facilement à un Chinois sachant que ce dernier y mettrait le prix fort, explique le spécialiste. Contrairement à un investisseur anglo-saxon par exemple, l’homme d’affaires chinois vise davantage des gains à long terme.»

Risques de sécurité

Certes, toutes les annonces de F&A ne se concrétisent pas. «L’opposition peut venir de la part des autorités de concurrence qui veillent aux abus de position dominante», explique Ronald Sauser. Parfois, l’État rejette des opérations, craignant que celles-ci puissent poser des risques de sécurité. Cette semaine, Berlin est revenu sur son feu vert au rachat d’Aixtron, fabricant d’équipements pour le secteur des semi-conducteurs, par le Fujian Grand Chip Investment. L’investisseur chinois était disposé à payer 670 millions d’euros. Autre exemple: le rachat de Syngenta par ChinaChem annoncé ce printemps n’a toujours pas obtenu le feu vert de la Commission européenne.