Pratiques disparates
Les Britanniques sont les seuls à user de l'«opt-out» à grande échelle, mais d'autres pays sont tentés. Les Luxembourgeois l'utilisent pour les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration. L'Allemagne, les Pays-Bas et l'Espagne envisagent de le généraliser, comme l'a fait la France, dans le secteur de la santé. Cette tendance nouvelle dans ces pays découle de décisions récentes de la Cour européenne de justice assimilant le temps de garde des médecins à du temps de travail effectif, quand les hôpitaux jugeaient qu'il s'agissait d'un temps de repos. Ces arrêts ont alarmé plusieurs Etats membres: l'Allemagne a averti que, si elle doit appliquer à la lettre les 48 heures hebdomadaires dans ses hôpitaux, elle devra recruter entre 15 000 et 27 000 médecins supplémentaires, ce qui entraînerait pour son budget déjà en difficulté un coût additionnel de 1,75 milliard d'euros (2,73 milliards de francs). Anna Diamantopoulou, qui s'interroge sur la «question de la définition» du temps de travail, avoue pourtant qu'elle n'a pas encore en la matière de «proposition de solution».
A Bruxelles, on se borne pour l'heure à constater les difficultés. Anna Diamantopoulou promet «que le chiffre magique des 48 heures est un chiffre intouchable», mais les pistes évoquées pour adapter la loi européenne aux défis qui lui sont posés sont maigres. Il faudrait, avance la Commission, donner plus de «flexibilité» aux entreprises et aux Etats membres dans la gestion du temps de travail, éviter d'«imposer des contraintes déraisonnables» aux milieux économiques tout en assurant la «protection et la sécurité des travailleurs», en leur permettant de mieux harmoniser vie professionnelle et vie familiale. «Je suis très déçu que la Commission ne se montre pas capable d'avancer dès maintenant des propositions concrètes pour remédier à cette situation», s'est indigné hier John Monks, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats. La Commission promet des impulsions plus substantielles dès le printemps, mais l'exercice ne sera pas aisé. Car après le 1er mai, dix nouveaux pays auront leur mot à dire sur la révision de la loi. Or, dans «la majeure partie» d'entre eux, reconnaît la commissaire, «les problèmes sont conséquents», certains pratiquant, dit-elle, «une flexibilité totale».