Après une première offre refusée par la direction de Cadbury en septembre, Kraft a réitéré sa proposition de rachat en s’adressant cette fois directement aux actionnaires du fabricant britannique de bonbons et de chocolats. Kraft, numéro 2 mondial de l’alimentaire – et propriétaire entre autres de Toblerone et Suchard –, se conforme ainsi au délai imparti par l’organisme britannique de supervision des fusions et acquisitions, délai qui lui imposait de formaliser son offre aujourd’hui encore, ou de renoncer à toute tentative de rapprochement durant les six prochains mois.

Kraft, dont les comptes présentent tous les signes d’une panne de croissance, aurait besoin d’absorber Cadbury pour bénéficier, notamment, d’une meilleure exposition aux marchés émergents, tout en espérant d’importantes synergies de coûts. Une fusion entre les deux groupes, respectivement numéro 2 et numéro 4 de la confiserie industrielle, détrônerait le leader mondial du secteur, Mars, et générerait un chiffre d’affaires combiné de 50 milliards de dollars, toutes activités confondues.

Kraft se propose donc d’échanger chaque action Cadbury contre 300 pence et 0,2589 de ses propres titres, des termes strictement identiques à ceux qu’il avait avancés en septembre. Seulement depuis, la valeur des actions Kraft a baissé. L’offre valorise désormais chaque action Cadbury à 7.17 livres, contre 7,45 deux mois plus tôt, compte tenu des derniers taux de change et cours de clôture de Kraft.

Pas à moins de 8 livres

Sans surprise, la proposition a donc été sèchement rejetée par le conseil d’administration de Cadbury, qui, l’ayant considérée durant 45 minutes, l’a qualifiée de «dérisoire». Dans son communiqué, le confiseur britannique veut croire à un destin indépendant, invoquant son portefeuille de marques «iconiques» et la répartition géographique «enviable» de ses activités, dont le potentiel se verrait tristement gaspillé en cas d’absorption par un «conglomérat à la croissance anémique».

La plupart des actionnaires de Cadbury semblent décidés à refuser toute offre inférieure à 8 livres par action, alors que celle-ci en vaut aujourd’hui 7,6 en bourse. Mais en l’absence de contreproposition venant d’un poids lourd du secteur – comme Nestlé par exemple – il n’est pour l’heure pas nécessaire pour Kraft de présenter une offre plus agressive. Ce d’autant que Warren Buffett, le plus important actionnaire de Kraft, a d’ores et déjà manifesté des réticences pour ce rachat, qu’il estime cher et risqué, laissant entendre qu’à son sens, l’offre avancée est déjà proche d’un plafond.

Dans son communiqué, Kraft rappelle que son prix représente une prime substantielle par rapport à la valeur de Cadbury avant que son intérêt manifeste n’en fasse monter le prix en bourse.

Mais selon les experts, le groupe américain sera contraint de revoir son offre à la hausse s’il veut un tant soit peu capter l’attention des actionnaires de Cadbury, qui peuvent arguer des excellents résultats trimestriels récemment présentés par le confiseur britannique.

En attendant février

Reste qu’au sein de l’actionnariat de Cadbury, la part des fonds alternatifs a considérablement augmenté depuis que Kraft s’y intéresse, et que ce type d’investisseurs pourrait être plus enclin à céder à des profits à court terme, fussent-ils moindres.

Il faudra attendre jusqu’en février 2010 pour qualifier l’opération de réussite ou d’échec. A compter d’aujourd’hui, et selon les règles britanniques qui président aux fusions et acquisitions, Kraft dispose de 28 jours pour émettre un prospectus d’offre, puis de 60 jours pour récolter le nombre d’actions nécessaires à une prise de contrôle. Un délai qui pourrait se prolonger encore si un troisième joueur venait à se lancer dans la course au rachat de Cadbury.