Formation
Forum Sciences entend révéler aux étudiants en maths, en physique, en chimie ou en biologie, des carrières de haut niveau autres que l’enseignement et la recherche. La manifestation s’emboîte parfaitement dans la stratégie économique cantonale 2030

L’horizon professionnel d’un étudiant en sciences dures de l’Université de Genève (Unige) se limite-t-il à l’enseignement et à la recherche? Au contraire, la liste des débouchés, souvent méconnus, semble inépuisable: assurances, ingénierie, agroalimentaire, entrepreneuriat, armée, banque et finance, sécurité informatique, muséologie, médias, art, santé, nouvelles technologies, etc. Le Forum emploi scientifique, 3e du nom, entend ainsi passer en revue ce mercredi l’étendue du potentiel de carrières après des études de maths, de biologie, de chimie, ou de physique, notamment.
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«Plutôt que des stages obligatoires en entreprises, notre politique consiste à offrir à nos plus de 3000 étudiants et doctorants l’opportunité de sentir leur appétit, pour s’orienter vers un métier académique, lancer leur propre start-up [ndlr: moyennant, parfois, une mise à jour de ses connaissances commerciales de base] ou rejoindre une multinationale. Cet événement est là pour leur permettre de visualiser la diversité des opportunités existantes», explique Brigitte Galliot, vice-doyenne en charge de la manifestation, réunissant cette année 25 entreprises, soit au minimum autant de parcours professionnels potentiellement inspirants. Et Jérôme Lacour, doyen de la faculté des sciences d’ajouter: «Nos étudiants développent des compétences d’analyse, d’abstraction et de modélisation prisées dans l’industrie, notamment. Mais leur bagage va au-delà de la simple méthode de travail ou la faculté de résoudre des problèmes. Ce qu’ils acquièrent, c’est une vision du monde spécifique très recherchée par les acteurs de l’économie.»
Objectif cantonal prioritaire
Forum Sciences s’insère à ce titre dans la ligne directrice tracée par les autorités cantonales, qui ont pris langue avec le secteur privé afin de promouvoir l’innovation. «La stratégie économique cantonale 2030 consacre un volet entier au capital humain qui constitue la principale matière première de la région. Cet événement permet de favoriser et de resserrer les liens entre le milieu académique, les étudiants et l’industrie. C’est un objectif prioritaire identifié par la stratégie», souligne Pierre Maudet, ministre en charge de l’économie.
A-t-on des exemples de pépites scientifiques genevoises issues des bancs de l’Unige? Le catalogue est, ici aussi, particulièrement fourni: Plair SA, qui conçoit, fabrique et commercialise des instruments de pointe pour des mesures en continu des particules fines dans l’air, ou TwentyGreen, qui développe des compléments alimentaires probiotiques pour les animaux d’élevage. Mais aussi Viroblock à l’origine d’une technologie antivirale grâce à un masque contenant du cholestérol. Sans oublier Phasis, spécialiste en microtechnique et des nanotechnologies, à la pointe des procédés de marquage et qui grave le fameux Poinçon de Genève dans les pièces de haute horlogerie. «Toutes ces start-up innovantes logent au sein de l’incubateur genevois de la FONGIT», précise Pierre Maudet.
Archétype genevois de l’innovation
Bien que n’ayant pas fréquenté cette plus ancienne pouponnière high-tech de Suisse, Fasteris n’en est pas moins devenu le numéro un mondial du séquençage ADN. L’entreprise en démarrage, fondée en 2003, a inventé et commercialise un test de diagnostic prénatal non-invasif de nouvelle génération, permettant de détecter les anomalies chez le fœtus – trisomies 21, 18 et 13 – grâce à un simple prélèvement sanguin chez la mère. «Je suis né à Genève où j’ai fait toutes mes études, jusqu’à ma thèse en biologie moléculaire des bactéries, résume son fondateur Laurent Farinelli. J’ai basculé dans le privé en 2001, soit environ 20 ans après mon doctorat. On peut tout faire après un cursus scientifique, le choix dépend des vocations individuelles.»
Pour Pierre Maudet, l’excellence académique et la capacité d’innovation sont des conditions-cadres essentielles de l’attractivité et du développement économique du canton. Mais selon lui, «la formation supérieure doit également examiner les besoins du marché dans des domaines de compétences clé pour Genève, en particulier, les opportunités liées aux fintech, à la sécurité numérique et à la protection des données».