Carlos Ghosn retrouve la liberté, mais sous strictes conditions
Asie
Le magnat de l'automobile déchu a été inculpé pour détournement de fonds du groupe Nissan. Il est sorti de prison dans la soirée de jeudi à Tokyo, libéré sous caution

Le tribunal de Tokyo a annoncé jeudi avoir approuvé la libération sous caution de Carlos Ghosn. Le bureau des procureurs a aussitôt fait appel, jugeant «regrettable» que le juge ait donné son feu vert «en dépit de craintes de destruction de preuves». Ce recours a été rejeté quelques heures plus tard et la libération effective peu après.
L'ex-PDG de Renault-Nissan est sorti à 22h22 (15h22 en Suisse) d'un pas assuré, encadré de gardiens, vêtu d'un costume sans cravate, sous les flashes des médias, avant de monter dans un véhicule noir, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Le magnat de l'automobile déchu de 65 ans, qui était retourné dans le centre de détention de Kosuge (nord de Tokyo) début avril après une ré-arrestation surprise, a dû payer une deuxième caution de 500 millions de yens (4,5 millions de francs; 4 millions d'euros).
Ghosn granted release on ¥500 mil bail by Tokyo District Court https://t.co/8AZeE4cAR5 pic.twitter.com/flzWy2qeM8
— Japan Today News (@JapanToday) 25 avril 2019
L'ex-PDG de Renault-Nissan a initialement été arrêté le 19 novembre à Tokyo. Il a ensuite payé un milliard de yens (9 millions de francs) pour sortir le 6 mars du centre de détention du quartier de Kosuge, après avoir obtenu une première mise en liberté conditionnelle avec assignation à résidence dans la capitale nippone. Mais les procureurs ont décidé à peine un mois plus tard de l'interpeller de nouveau sur des faits supplémentaires.
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Carlos Ghosn est sous le coup de quatre inculpations pour diverses malversations financières, dont des dissimulations de revenus dans des documents boursiers et deux cas différents d'abus de confiance aggravé.
Libéré une première fois sous caution en mars
Les conditions imposées à sa liberté surveillée n'ont pas encore été précisées. La fois précédente, il lui était interdit de quitter le Japon, et il n'avait en sus pas le droit d'utiliser un smartphone connecté à internet et n'avait accès à un ordinateur qu'en semaine à des horaires définis au cabinet de son avocat.
Il avait toutefois pu retrouver sa famille - son épouse Carole et ses filles venues spécialement - dans un appartement de location à Tokyo, enregistré auprès du tribunal et dont il n'avait pas le droit de s'absenter plus de trois jours.
Avant même sa première libération sous caution, Carlos Ghosn a usé de plusieurs moyens - interview à quelques médias dont l'Agence France-Presse (AFP), communiqués, comparution à sa demande devant un tribunal - pour clamer son innocence et dénoncer un complot ourdi par Nissan à son encontre.
L'épouse Ghosn fustige le traitement de son mari
Dans une récente vidéo, enregistrée avant sa ré-arrestation mais rendue publique quelques jours plus tard, il a également insisté sur la thèse du piège tendu par les dirigeants du constructeur d'automobiles japonais afin de le faire tomber et stopper ainsi le processus de fusion Renault-Nissan qu'il préparait.
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Son épouse, Carole Ghosn, se mobilise depuis des semaines pour dénoncer le traitement dont fait l'objet son mari, une campagne soutenue par plusieurs avocats étrangers comme japonais et des organismes internationaux qui estiment que le système judiciaire nippon ne respecte pas les droits de la défense.