De 1992 à 2002, le style de management a évolué en Suisse romande. En résumé: en dix ans, de hiérarchique, il est devenu participatif. Ce constat que les spécialistes font depuis quelque temps est confirmé par une étude réalisée par Pro Mind Consulting, société spécialisée dans le développement des compétences, et présentée récemment lors d'une conférence organisée par Ajilon, société du groupe Adecco. Menée tous les cinq ans environ, auprès d'un échantillon de 1000 à 3000 cadres romands, l'enquête relève, entre autres, deux tendances marquantes.

Premièrement, la composition de la population des dirigeants a changé. Formée il y a dix ans d'une grande majorité d'hommes proche des 50 ans, elle s'est féminisée et rajeunie. Elle compte aujourd'hui un quart de femmes et la courbe des âges s'est aplatie pour se situer autour des 35 ans. «En outre, si autrefois les cadres étaient surtout des professionnels au bénéfice d'un CFC, on constate actuellement un net rehaussement du niveau de formation de base, relève Jean-Marc Riss, de Pro Mind Consulting. Les managers de 2002 ont généralement un diplôme d'études supérieures.»

Ensuite, l'enquête confirme que d'autoritaire, le management est devenu plus participatif. Autrefois, le cadre s'identifiait à son entreprise, désormais, il s'identifie à son équipe. «Il y a une décennie, on considérait encore l'armée comme la meilleure école de management, poursuit Jean-Marc Riss. Cette évolution vers une participation accrue constatée est le reflet des formations organisées depuis dans les entreprises. Elle atteste que les gens ont intégré les approches de cohésion d'équipe et le besoin de travailler ensemble.» Parallèlement, la prise de risque, l'esprit de compétition, l'ambition ont reculé, au profit du leadership, de la capacité à fédérer, et du repli sur le groupe. Les fusions, l'incertitude et le manque de vision à long terme seraient à l'origine de cette perte de l'esprit d'entreprise. «Les managers ont du mal avec le cadre de référence de l'entreprise, fait d'insécurité, conclut Jean-Marc Riss. Leur engagement à l'égard de leur employeur diminue en faveur d'activités privées ou d'un investissement dans la société civile.» Conséquence: les entreprises souffrent d'une sous-utilisation des compétences entrepreneuriales à leur disposition.