Ecole virtuelle, école vertueuse
Formation
CHRONIQUE. Quand le virtuel est soudainement devenu LE moyen essentiel pour donner un cours, les enseignants sont passés de leur zone de confort à celle de la peur puis à celle de l’apprentissage, là où la magie peut se produire!

A quelque chose malheur est bon!
Sous le coup de l’annonce de la fermeture des écoles le 13 mars dernier, des enseignants ont vu leurs repères s’ébranler. Armés de courage et déterminé à faire de leur mieux, ils sont sortis de l’espace sûr de leur classe pour se lancer dans l’inconnu, pour le meilleur!
Qu’ont-ils appris?
La vertu de l’inconfort:
Dédramatiser, prendre le taureau par les cornes, explorer les nouveaux logiciels, réaliser leur simplicité d’utilisation, diversifier les ressources, exercices, supports, activités stimulantes, attractives, jeux, défis filmés, se préparer, encore et toujours se préparer… Le travail n’a pas manqué pour dépasser les craintes, transformer l’anxiété en moteur et gagner en assurance.
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L’école à distance rapproche:
Embarqués dans cette expérience inédite avec leurs élèves et les parents de ces derniers, les enseignants ont tout misé sur la connexion, par internet (qui bien évidemment faisait partie du succès) et sur la connexion humaine.
Les élèves ne venant plus à l’école, c’est l’enseignant qui venait à eux.
Plus à leur écoute, ils ont privilégié les contacts individuels, prêtant encore davantage attention au bien-être, à l’expression des émotions et aux besoins spécifiques de chacun. Avec eux, ils ont tissé de nouveaux liens plus authentiques, ont appris à mieux se connaître, sont parfois devenus complices. S’armant de patience, ils ont redoublé d’efforts pour qu’aucun ne «décroche».
La solidarité:
Non seulement certains se sont appuyés sur leurs collègues, experts en TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement), prêts à partager leurs compétences mais aussi sur leurs élèves, tellement heureux de pouvoir aider leurs professeurs à résoudre les bugs quotidiens. Convaincus que tous ensemble ils en sortiraient grandis, ils ont aussi compté sur la bonne volonté des parents.
Le lâcher-prise:
Faute de pouvoir tout contrôler, vérifier, tester, les enseignants ont fait confiance, responsabilisé, donné de la liberté et obtenu en retour de la part de leurs élèves plus d’autonomie, de spontanéité, de créativité.
Décontenancés par les aléas de la technologie, ils ont baissé la garde. Ils ont osé avouer qu’ils ne savaient pas (tout en conservant une bonne dose d’humour) et ils ont appris.
Ils ont vu leur rôle évoluer de celui qui transmet le savoir et fait respecter la discipline à celui qui coache, qui inspire.
En démontrant en live flexibilité, audace, ouverture d’esprit, curiosité, inventivité et résilience à leurs élèves, ils leur ont donné des ailes.
L’école virtuelle a contribué à remettre l’église au milieu du village: il n’est pas facile d’apprendre, ni d’enseigner d’ailleurs. En situation de crise, nous sommes tous des «apprenants». Les professeurs se sont mis dans les chaussures de leurs élèves et les parents dans celles des enseignants. Souhaitons que ces prises de conscience réciproques et ces nouvelles compétences acquises posent les bases de l’enseignement des prochaines décennies.
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