L'interview du mois. Quel est votre style de management?
Richard Mille, Fondateur de la marque horlogère Richard Mille, aux Breuleux (JU).
Richard Mille est le lauréat 2007 du Grand Prix de l'horlogerie de Genève. En effet, l'horloger breton vient d'être distingué par l'Aiguille d'or, pour sa montre RM 012. Amateur de sport automobile, ce pionnier en a utilisé les alliages, comme les nanofibres de carbone ou le silicium, pour fabriquer les montres du troisième millénaire. Ce prix signe, selon les observateurs, l'entrée de la petite marque dans le cercle très fermé des grands horlogers. Portrait d'un passionné en six questions.
Carrières: Comment favorisez-vous la créativité au sein de vos équipes?
Richard Mille: Ma démarche est simple. Je réalise les montres qui me font rêver. Je fais des produits extrêmes sans me préoccuper du marché ni du prix. Le rêve est très mobilisateur, aussi bien auprès de mes collaborateurs que de mes clients. En management, la passion fait bien plus avancer les choses que la contrainte.
- L'erreur à ne pas commettre?
- Manquer de bon sens. Durant ma carrière, j'ai vu des gens faire des erreurs colossales par manque de discernement. Moi, je laisse aller mon imagination, puis je réfléchis, j'analyse, et enfin seulement je valide.
- La réunion: perte de temps ou nécessité?
- Nécessité. A condition de travailler en groupes restreints et de libérer la parole, de permettre toutes les idées, toutes les folies possibles et imaginables. Nous faisons un bon repas, nous rigolons, puis nous nous mettons au travail. La prise de décision qui suit est généralement rapide. Ensuite, on fait ce que l'on a dit.
- Le téléphone mobile: aide ou calamité?
- Depuis quelque temps, je fais une overdose de portable. Il m'est de plus en plus insupportable d'être interrompu pendant une discussion. Alors, durant la journée, je le dévie sur la messagerie. En revanche, le soir, je me cale dans un fauteuil et je me donne une heure pour écouter mes messages et rappeler mes interlocuteurs.
- Votre recette antistress?
- Rien ne me stresse. Mais c'est parce que j'ai une philosophie assez simple: mis à part ce qui touche à la famille, tout est dérisoire et tout a une solution. Un problème qui survient est toujours intéressant. Il représente une étude de cas, et cela m'attire. J'adore chercher des solutions. Je dors toujours très bien la nuit. D'ailleurs, pour résoudre efficacement des problèmes, il vaut mieux être bien reposé.
- Votre première pensée après votre consécration?
- Que mon style de concept, d'approche et de produit, en rupture avec la tradition, avait été reconnu et faisait désormais partie de l'histoire de l'horlogerie. Cela m'a beaucoup touché d'être reconnu par mes pairs. Mon travail prend du sens et, depuis, je ressens une certaine sérénité.