Question pratique. La discrimination positive, comment ça marche?
Question pratique.
Agitation dans le Landerneau politique helvétique: au Département fédéral des Affaires étrangères, six hommes compétents ont été écartés de leur possible carrière diplomatique au profit de quatre femmes! En favorisant ces dames, la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a-t-elle fait quatre pas de trop?
La loi fédérale sur l'égalité entre femmes et hommes est très claire: elle interdit toute forme de discrimination entre les sexes notamment lors de l'embauche et en terme de salaires. Pour établir une réelle égalité entre femmes et hommes dans le monde du travail, il faut d'une part engager des femmes dans des secteurs essentiellement masculins; et d'autre part assurer que les salaires des uns et des autres soient établis au même niveau. Dans les deux cas, l'employeur peut mettre en place des mesures dites de discrimination positive.
Que s'est-il passé dans le service diplomatique de la Confédération? Des 376 personnes entrées dans la carrière diplomatique, 71seulement sont des femmes. Parmi les 116 ambassadeurs que compte la Confédération, elles sont au nombre de dix. En choisissant quatre hommes et quatre femmes, Micheline Calmy-Rey n'a fait que corriger prudemment, dans le sens de l'égalité, un déséquilibre dans un service diplomatique dominé par les hommes. Voilà un exemple révélateur de «discrimination positive».
La «discrimination positive» se veut une action qui vise à éliminer la discrimination passée ou actuelle subie par un groupe de personnes en leur accordant provisoirement certains avantages préférentiels, notamment en matière de recrutement. Sous l'angle des femmes et de l'égalité, on peut considérer comme «discrimination positive» toute action visant à promouvoir les femmes et à réduire les déséquilibres dans la vie professionnelle.
Et qu'en est-il des salaires féminins? Dans ce domaine, les femmes sont toujours fortement prétéritées. Selon les derniers chiffres officiels, l'écart salarial entre femmes et hommes se monte à 19,7%. Dans certaines professions, la différence est encore plus élevée. A noter que cette comparaison statistique porte sur des femmes et des hommes qui ont les mêmes activités, formation, qualifications, expérience et position hiérarchique.
Dans le cas où une femme a un salaire mensuel de 3400 francs bruts et qu'un homme de la même entreprise, présentant les mêmes caractéristiques professionnelles que sa collègue féminine, dispose d'un salaire mensuel de 3600 francs bruts, l'employeur a l'obligation de corriger ce déséquilibre.
Il peut mettre en place des mesures de discrimination positive en proposant, par exemple, d'augmenter davantage les salaires féminins que les salaires masculins dans le but de réaliser l'égalité salariale. Car la Constitution fédérale interdit déjà une telle discrimination depuis 1981, bien avant que la loi fédérale sur l'égalité entre femmes et hommes entre en vigueur.
Le site internet http://www.egalitedessalaires.ch de l'Union syndicale suisse permet aux employés intéressés d'évaluer si le salaire qu'ils perçoivent correspond au salaire qu'ils peuvent escompter. C'est une mesure de plus permettant de promouvoir l'égalité entre femmes et hommes, notamment l'égalité salariale.
Le but n'est pas d'exclure les hommes, mais d'exiger seulement un peu plus pour les femmes, et cela aussi longtemps que le droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale inscrit dans la Constitution n'est pas entré pleinement dans les faits. Il en va de même pour la décision de Micheline Calmy-Rey en ce qui concerne la promotion des diplomates féminines.