La question peut surprendre. Formateurs et pédagogues sont d'accord: la formation n'a de sens que si elle part d'une volonté personnelle. Des situations existent pourtant, où il est fait obligation à la personne de se former: dans le cadre de l'assurance chômage par exemple, qui prévoit cette possibilité pour les demandeurs d'emploi. Ou de certaines entreprises, qui introduisent cette obligation pour accroître le niveau de compétence de leurs collaborateurs. Ou encore de quelques pays, dans lesquels celles et ceux qui souhaitent s'intégrer doivent impérativement suivre des cours de la langue en usage.
Chacun de nous peut se trouver confronté à des situations de ce type. Que faut-il en penser? Cette formation obligatoire a-t-elle une réelle efficacité? A quelles conditions? Ces questions, aussi délicates soient-elles, méritent de vraies réponses. Quel que soit le contexte, décréter l'obligation de se former est un acte politique fort. Un acte qui postule que les actions de formation sont nécessaires à l'employabilité de la personne, au développement de ses compétences, à sa réinsertion professionnelle, à son intégration sociale. Un acte qui réaffirme aussi le principe que la formation tout au long de la vie est une nécessité. Dans nombre de situations pourtant, l'affirmation volontariste ne suffit plus: les circonstances exigent de donner corps à cette nécessité, cela à travers la mise en place d'une formation contrainte. Si les objectifs sont bien définis en terme d'intégration ou d'employabilité, l'obligation de se former est tout à fait imaginable. Et même souhaitable.
Cette démarche nécessite
cependant le rappel d'un autre élément – pédagogique lui – et absolument fondamental: c'est l'adhésion. La formation n'aura les effets attendus que si la personne adhère à la démarche proposée; que si elle a une vision claire du sens qui lui est donné; que si elle comprend les enjeux et les bénéfices qu'elle en tirera. La personne doit être parfaitement informée sur la formation à suivre. Sur les objectifs poursuivis, les méthodes mises en œuvre, les résultats attendus. Elle devra aussi pouvoir établir rapidement, avec le formateur, une relation de confiance.
Dès lors, l'obligation de se former n'acquiert de sens que si elle s'accompagne d'un dispositif d'information, dispositif où le temps et le soin nécessaires sont pris pour accueillir, conseiller, informer. Et assurer, le cas échéant, le suivi post-formation. De plus, la formation répondra impérativement à des critères de qualité exigeants, notamment quant à la compétence des formateurs et à l'adéquation des méthodes pédagogiques avec les besoins des personnes. Si ces conditions sont réunies, alors oui, la formation atteindra les objectifs fixés. Même si au départ, la démarche de se former s'opère avec quelque réticence.
gregoire.evequoz@etat.ge.ch