La médiation est à la mode dans les rapports familiaux ou de voisinage. Qu'en est-il des rapports de travail? Certains conflits peuvent surgir, dans la vie du travail, qui rendent difficiles les contacts entre des personnes nécessaires à l'entreprise. Dans ce cas, le rétablissement amiable de la normalité sert les intérêts de l'employeur. Les psychologues s'accordent pour penser que, dans de telles situations, la médiation n'est utile que si elle intervient suffisamment tôt, soit avant que les antagonismes ne rigidifient définitivement les attitudes. Si elle est décidée trop tard, les chances de succès diminuent très fortement. Il appartient à l'employeur de détecter les situations explosives: c'est souvent affaire de flair, voire de hasard, car les intéressés ne sont pas toujours prompts à révéler les problèmes.

La médiation ne saurait servir d'alibi. Lorsqu'un salarié se comporte mal, au point que les collègues ou les subordonnés en souffrent excessivement, l'employeur – s'il en est informé – doit faire usage de son pouvoir pour mettre fin aux tensions et, le cas échéant, licencier le perturbateur. Dans le secteur public fleurit la médiation en cours d'emploi. Les administrations acceptent de payer des procédures souvent onéreuses; elles s'accommodent des pertes de production qui les accompagnent. Elles préfèrent parfois la recherche du consensus à l'exercice de l'autorité.

C'est dans l'hypothèse d'un litige après la fin des rapports de travail que l'on peut attendre beaucoup de la médiation. Dans certains pays, le juge est habilité à renvoyer d'autorité les parties à une médiation, pour éviter une longue procédure. Dans d'autres cas, il a seulement le pouvoir de les inviter à rechercher une solution amiable sous l'égide d'un médiateur. En Suisse romande, des médiateurs se forment, dont l'activité n'est pas encore notable dans le secteur privé. A notre avis, les techniques de la médiation devraient être utilisées davantage par les organes prud'homaux de conciliation, dont c'est le rôle. A Genève, depuis que les avocats sont admis devant ces organes, le taux de conciliation s'est nettement amélioré.

Ce taux augmenterait sans doute si les conciliateurs avaient les moyens de conduire des procédures plus approfondies. En revanche, l'intervention de médiateurs privés, souhaitable en soi, risquerait de coûter trop cher aux parties dans les petits litiges. La médiation a une longue histoire dans le domaine des conflits collectifs. A Genève et à Bâle, les instances de conciliation fonctionnent de façon discrète, mais remarquable, dans un impénétrable secret. Grâce à elles, on peut regarder le droit du travail comme un précurseur à cet égard.