Le travail, bon pour notre santé?
Résilience
CHRONIQUE. Après avoir vécu des événements tragiques, il arrive que le travail devienne le lieu de notre reconstruction, rapporte notre chroniqueuse. Un phénomène que la psychologie permet d’expliquer

Le travail: pour certains, c’est une source d’insatisfaction, de frustrations, d’anxiété, d’insomnies, de dépression… Pour d’autres, c’est une planche de salut!
Lorsque nous sommes confrontés aux expériences les plus traumatiques – perte d’emploi, licenciement, séparation, divorce, maladie grave, accident, handicap, deuil… –, lorsque tout notre monde s’écroule et que nos croyances profondes sont mises à rude épreuve, le travail peut devenir le lieu de notre reconstruction, de notre transformation personnelle, là où nous allons développer notre résilience.
Le récent TEDx Lausanne Women 2019, organisé au sein du SwissTech Convention Center de l’EPFL, nous a donné à entendre les témoignages poignants et lumineux de Lauren Wasser, Helena Wasserman Eriksson ou Helena Wasserman Eriksson … et offert une brillante démonstration de ce que le travail permet de dépasser.
Qu’ont en commun ces intervenantes d’exception? D’avoir su, grâce à leur courage, leur audace, leur détermination, leur travail acharné, transformer les pires expériences personnelles en réalisations professionnelles admirables et au service des autres.
Comment? En acceptant de regarder en face ce qui leur arrivait (amputation des deux jambes, deuils précoces), en acceptant également les différentes émotions qui les traversaient (rage, colère, tristesse, effondrement…) mais en décidant de ne pas s’installer dans ces états émotionnels.
Des stratégies pour gérer l'ingérable
Les stratégies pour gérer l’ingérable, que ces femmes ont partagé, ont été formalisées par deux chercheurs en psychologie de l’Université de Caroline du Nord: Richard Tedeschi et Lawrence Calhoun, pères de la théorie de la transformation post-traumatique.
Leurs études complétées par celles de Bret Moore, psychologue de l’armée américaine spécialisé dans l’analyse de la résilience des vétérans, mettent en évidence quelles peuvent être les cinq nouvelles compétences acquises (particulièrement utiles dans l’exercice de fonctions managériales) lorsque nous survivons à une expérience traumatique:
1. La découverte que nous sommes beaucoup plus fort que ce que nous imaginions. Si nous pouvons surmonter cette épreuve alors nous pouvons tout surmonter.
2. La capacité à davantage se préoccuper des autres, à mieux accéder à leurs émotions, à faire preuve de compassion, à pardonner.
3. L’accès à de nouvelles possibilités, de nouveaux centres d’intérêt, à une meilleure gestion des priorités.
4. Une plus grande appréciation de ce que nous avons, un sentiment de «seconde chance».
5. Un sens de ce pour quoi nous vivons, de ce que nous avons à réaliser.
Selon ces chercheurs, dans la durée, ceux qui parviennent à voir de la valeur dans une tragédie deviennent plus sages et des sources d’inspiration pour leur entourage.
Leurs constats ne s’arrêtent pas là. Les médecins, personnels soignants, psychologues, avocats, enseignants, ecclésiastiques, policiers, pompiers, etc. qui écoutent et aident des personnes passant à travers un processus post-traumatique bénéficient également de leurs apprentissages.
Une autre étude, conduite par la psychologue clinicienne Meg Jay, auteure du livre Supernormal, a analysé la vie de 400 personnalités (du directeur général de Starbucks, Howard Schultz, à Eleanor Roosevelt en passant par Oprah Winfrey, Andre Agassi, Jay-Z…). Dans 75% des cas, leur réussite extraordinaire et leur impact positif sur le monde reposent sur une extrême résilience qui leur a permis de survivre à une enfance traumatisante.
Meg Jay souligne que, beaucoup plus souvent que nous ne le pensons, un lien existe entre performance professionnelle exceptionnelle et capacité à faire face à l’adversité.
En vidéo: «Le travail, c'est la santé», vraiment?