Travailler dans un environnement multiculturel

Les livres du mois

Rédigé par un professeur de HEC Montréal, spécialiste des ­cultures hispanophones, cet ouvrage est un plaidoyer pour une approche interculturelle et qualitative de la diversité en entreprise. Pratique, il permet à des responsables d’entreprise de réfléchir à leur politique de gestion de la diversité de manière concrète et approfondie. L’auteur insiste sur les aspects cognitifs et linguistiques. Il invite les organisations à définir une politique de gestion des différences ethnoculturelles après avoir analysé comment ces modes s’expriment dans les relations des personnes: entre les employés et avec les clients. Concrètement, l’auteur propose de développer la sensibilité interculturelle des hommes et des femmes au travail en aidant chacun à s’exprimer sur les différences de schèmes culturels (relation au temps et à la ponctualité, contrôle de l’incertitude, rapport à la hiérarchie, etc.) et à communiquer sur ces différences. Arcand encourage aussi les organisations à assurer un suivi régulier de cette compétence au dialogue.

Cet ouvrage propose près de 200 pages d’exemples vivants d’entreprises avec différentes problématiques liées à la diversité: discrimination, relations différentes à l’autorité, rapports hommes-femmes, plurilinguisme… Jean-Pierre Dupuis, lui aussi professeur à HEC Montréal, fournit des illustrations de ces problématiques dans divers contextes d’entreprises: grands magasins, entreprises industrielles, sociétés de conseil informatique, équipes sportives.

L’auteur décrit les difficultés d’autorité de femmes cadres face à des représentants de certaines communautés. Il analyse des situations d’incompréhension et des malentendus basés sur des différences de culture. Il arrive par exemple qu’un sentiment d’exclusion se développe chez des individus confrontés à des équipes qui parlent au quotidien une autre langue que la langue officielle de travail… Les amateurs de hockey sur glace apprécieront d’en savoir plus sur les coulisses de l’équipe des Canadiens de Montréal, plus particulièrement sur les changements de communication, de culture de travail et de perception de leur identité québécoise, lors de la nomination d’un coach puis d’un capitaine anglophone.

Transfuge (française) d’une équipe de recherche québécoise dans une équipe de chercheurs français, Sylvie Chevrier, professeure de gestion à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, est une spécialiste francophone reconnue des équipes multiculturelles. Son ouvrage présente un tour d’horizon très complet sur le management interculturel.

Sylvie Chevrier offre une analyse de différents contextes d’in­ter­action interculturelle, par exemple franco-malgache, franco-malien ou franco-vietnamien. La Suisse figure même dans cet ouvrage. Une dizaine de pages abordent certains éléments de la culture nationale helvétique. Il est question de la diversité – apparente et réelle – du pays, mais aussi des mythes et de la culture politique qui fondent l’unité nationale.

Les praticiens trouveront dans cet essai canadien des paragraphes très utiles sur la typologie des équipes multiculturelles; qu’il s’agisse d’équipes réunies autour d’un projet, d’équipes opérationnelles, de coordination, etc. La Française analyse alors les différents modes de fonctionnement et d’ajustement culturel.

Selon elle, la gestion de certains groupes nécessitera des réglages plutôt interpersonnels, avec un développement des compétences individuelles. Dans d’autres cas, l’ajustement aura plutôt lieu en travaillant sur la recherche de fondamentaux communs dans les équipes. Dans chaque groupe, chaque équipe, l’objectif est de dégager des passerelles autour de la qualité, de la méthode de travail, ou autour de valeurs propres à réunir les gens.

* Professeur à l’Université de Fribourg