Cette fusion intervient à point nommé. «Le mouvement syndical évolue actuellement dans une atmosphère hostile», explique Luc Demaret, chargé de l'information sur les relations industrielles au Bureau international du travail (BIT) à Genève. De nombreux gouvernements néolibéraux accordent peu d'espace aux syndicats. Aussi, la liberté des travailleurs est bafouée par des régimes peu respectueux des droits de l'homme. Une centaine d'activistes ont été assassinés en 2005 à cause de leurs activités syndicales et des dizaines de milliers ont été licenciés pour la même raison.
La création de la CSI intervient également à un moment où il y a une désaffection pour le mouvement syndical. Luc Demaret relativise. «Il ne faut pas juger la force des syndicats par le nombre d'adhérents. En cas de crise, c'est la majorité des travailleurs qui se mobilise.» Au début de l'année en France, alors que moins de 10% des travailleurs sont syndiqués, 80% d'entre eux sont descendus dans la rue et ont fait reculer le gouvernement sur les emplois des jeunes. «La capacité de mobilisation reste entière», explique Luc Demaret. Il fait encore ressortir que même si la majorité des travailleurs ne sont pas membres d'un syndicat, ils sont quand même protégés par des conventions collectives.
Le BIT voit la naissance du géant syndical d'un bon œil. «Les travailleurs font souvent les frais de la division syndicale. Désormais, le signal donné à Vienne aura des répercussions sur la cohésion au niveau de chaque pays, estime-t-il. Cette cohésion portera aussi des fruits au sein du BIT qui est un organe tripartite de négociations (Etats, patrons et travailleurs).»